Tanzanie: Le président Magufuli ordonne la décongestion des prisons

Afriquinfos Editeur
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Élections en Tanzanie
Le président de Tanzanie John Magufuli le 25 mai 2019 à Pretoria (photo, AFP).

DAR-ES-SALAM (© 2019 AFP) – Le Président tanzanien John Magufuli a annoncé jeudi avoir ordonné aux autorités pénitentiaires de prendre des mesures en vue de décongestionner les prisons du pays, selon lui indûment surpeuplées, notamment par des suspects attendant depuis trop longtemps un procès.

M. Magufuli, salué pour sa lutte contre la corruption mais critiqué pour son autoritarisme, a effectué cette annonce lors d’un rassemblement public à Dodoma (centre), la capitale administrative du pays, après avoir visité en début de semaine un centre de détention du nord du pays. « Avant-hier, j’étais à la prison de Butimba, dans la région de Mwanza », a-t-il expliqué à la foule. « La situation m’a énormément attristé. Cette prison d’une capacité d’accueil de 900 personnes héberge 1.000 condamnés et 925 détenus en attente de procès ». « Parmi eux, certains sont en attente d’un procès depuis huit ans et, à chaque fois, on leur dit que les enquêtes ne sont pas encore terminées », a poursuivi le chef de l’Etat. Selon lui, certains détenus attendent un procès depuis plusieurs années pour des faits punissables, au pire, de quelques mois d’emprisonnements.

« J’ai ordonné au ministère de la Justice et aux autres organes compétents de faire le tour de toutes les prisons, province par province, pour écouter les doléances des prisonniers et libérer ceux qui sont détenus illégalement », a-t-il ajouté. « Vous m’avez élu pour servir tout le monde. Je ne peux pas diriger un pays en larmes », a ajouté celui dont le passage à Butimba a déjà été suivi de la libération de quelque 300 détenus dans des prisons du nord du pays. Surnommé « Tingatinga » (bulldozer en swahili), le président Magufuli a marqué les esprits depuis sa prise de fonctions fin 2015 en se montrant inflexible dans la lutte contre la corruption. Mais son style brutal lui vaut d’être qualifié d’autocrate et de populiste par ses détracteurs.

Des meetings de partis d’opposition ont été interdits, des responsables d’opposition arrêtés, des journaux fermés, et des journalistes et artistes arrêtés, molestés ou menacés de mort pour avoir critiqué la nouvelle administration. Depuis l’élection de M. Magufuli, la Tanzanie a reculé de la 75e à la 118e place du classement de la liberté de la presse de Reporters sans frontières.

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