UA: Des raisons diplomatiques qui ont milité en faveur de l’élection de Mahamat au détriment du Sénégalais Bathily

Afriquinfos
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ADDIS-ABEBA (© 2017 Afriquinfos) – Le Sénégalais Abdoulaye Bathily qui était candidat à la succession de Mme Zuma est de toute vraisemblance le principal perdant au terme de l’élection qui s’est déroulée à Addis-Abéba ce 30 janvier 2017, en consacrant Faki Mahamat au sommet de l’UA (Union Africaine).

 

L’élection de Moussa Faki Mahamat, 56 ans, à la tête de l’UA est à n’en point douter une grosse victoire diplomatique pour le Tchad, et tout singulièrement pour le leader du parti au pouvoir à N’djamena, le Président Déby Itno. Les quatre autres candidats à la succession de Mme Zuma, outre Faki Mahamat, ont de toute vraisemblance sous-estimé les qualités de fin négociateur du Président Idriss Déby Itno qui tenait à terminer  son mandat de 12 mois à la tête de la présidence tournante de l’organisation sur une belle note. Chose faite dorénavant.

Grand artisan de la défaite infligée aux djihadistes au nord-Mali en 2013 et de la lutte anti-Boko Haram en Afrique de l’ouest et centrale ces derniers mois, le Tchad revendiquait auprès de qui voulait l’entendre une place de premier choix dans la diplomatie africaine, au nom très précisémént de ces deux guerres précitées pour lesquelles il a parfois payé le prix du sang et dû se saigner sur le plan financier. Même si le pouvoir tchadien (MPS, Mouvement patriotique du salut) fait face à une fronde sociale interne depuis la réélection controversée de Déby Itno pour un nouveau mandat, il tient à soigner son image extérieure.

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Au cœur d’une élection continentale et à enjeux

 

«L’election à la Présidence de l’UA n’a jamais été une mince affaire, quels que soient les candidats en jeu, parce qu’une pléthore d’intérêts doivent être défendus», rappelle un haut fonctionnaire de cette organisation.

L’élection de Moussa Faki Mahamat (grâce à 39 voix sur 54) durant l’ultime tour de vote est vraisemblablement le fruit de tractactions, marchandages ou encore de compromissions de dernière minute, au regard de l’engouement qu’a aussi suscité la candidature de la Kenyanne Amina Mohammed, arrivée légèrement en tête à l’issue du 1er tour des votes!

L’élimination d’Abdoulaye Bathily durant les trois premiers tours de vote a ainsi pavé la voie indirectement à la victoire de M. Mahamat. «Le Sénégal ne jouissait pas d’une bonne image à l’UA ces derniers mois, au regard des accusations de blocage dont il est l’objet depuis juillet dernier, quand la 27è Conférence des Chefs d’Etat de l’UA avait échoué à doter l’organisation cinquantenaire d’un Chef. Un certain nombre de pays de différentes sous-régions ont gardé une dent contre les Sénégalais au terme de ce scrutin improductif», détaille et analyse un ancien responsable de l’Union Africaine, fin connaisseur des joutes électorales dans cette institution.

Pourtant, le candidat Bathily avait battu campagne dans toutes les sous-régions du continent et croyait dur comme fer à une victoire ce 30 janvier !! Autre donne qui a joué en défaveur de la candidature d’A. Bathily, renforce un ex-ministre des Affaires étrangères en Afrique de l’ouest, «la CEDEAO a mal joué le jeu en amont de l’élection de ce 30 janvier, en n’arrivant pas à empêcher de multiples candidatures de ses pays à divers postes de l’UA». Il était ainsi prévisible de s’attendre à une «rebuffade de plusieurs pays africains face aux candidatures du Ghanéen Kwesi Quartey à la vice-Présidence de l’UA et celle de Bathily au poste suprême de la Commission de la même organisation», poursuit un autre diplomate africain sous anonymat. «Je suis sûr et certain que la mobilisation de la diplomatie du Maghreb a dû jouer un rôle déterminant durant le dernier tour de vote ce 30 janvier 2017. Et c’est à ce moment qu’a dû entrer en jeu le talent de fin négociateur de Déby Itno, avec le soutien envisageable de l’Algérie», fait remarquer pour sa part un prédécesseur de Faki Mahamat à son nouveu poste.

Bon à signaler, la succession de Mme Zuma a été l’occasion de nouveautés à l’UA, comme l’organisation d’un débat live entre les 5 concurrents !

 

Georges Samir & Bella Edith