Sanctions de la CEDEAO contre le Mali : Quel impact perceptible dans la sous-région?

Afriquinfos Editeur
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Pour des observateurs de la scène politique, les pressions, la promptitude et l'intransigeance de cette organisation sous-régionale ont abouti au "recul" de la junte qui, à travers un accord-cadre, s'est résolue à permettre le retour à l'ordre constitutionnel en acceptant de remettre le pouvoir aux civils par le truchement du président du Parlement.

 Toutefois, les semaines d'embargo et de sanctions vécues par le Mali n'ont pas été sans conséquences pour le Mali et pour les pays qui l'entourent.

                                                                      LA  DESTINATION  MALI  BLOQUÉE

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"Au regard de la libre circulation des personnes et des biens dans l'espace CEDEAO, les répercussions des sanctions sont évidentes concernant par exemple la fermeture des frontières. Beaucoup de personnes sont restées bloquées de part et d'autre c'est-à-dire soit au Mali, soit à l'extérieur du Mali, soit sur le site même des frontières", a noté Abdoulaye Sidibé, secrétaire exécutif du Réseau ouest-africain pour la libre circulation et l'intégration africaine (ROALIC).

 Dès les premières heures de la crise, les conséquences ont été également perceptibles avec les mouvements de personnes, notamment les réfugiés économiques et sociaux qui se sont rués vers les pays voisins.

"Le HCR a enregistré des réfugiés dans des  pays d'asile. Les zones frontalières du Burkina Faso, de la Mauritanie et du Niger où les réfugiés ont trouvé abri subissent une grave sécheresse qui a causé des pénuries alimentaires et en eau ces dernières années", avait  indiqué le porte-parole du Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés (HCR) Andrej Mahecic.

 L'organisation humanitaire a ainsi commencé à travailler avec les autorités et des partenaires humanitaires pour répondre à la fois aux besoins des réfugiés qui arrivent et à ceux de la population locale dans ces trois pays. "Malgré leurs propres difficultés, les habitants partagent leurs maigres ressources avec les nouveaux arrivants", avait précisé Andrej Mahecic.

               DES SITUATIONS SOCIALES ET HUMANITAIRES A GÉRER

 Dès lors, la Mauritanie a enregistré plus de 31.000 réfugiés maliens. "Environ 1.500 personnes arrivaient chaque jour", a révélé M. Mahecic. Du côté du Burkina Faso, ce sont environ 20.000 réfugiés qui ont été officiellement identifiés, avec une moyenne de 500 Maliens qui s'orientaient quotidiennement vers ce pays d'accueil.

 A en croire les organisations humanitaires, l'on dénombre au total plus de 81 000 personnes ayant traversé la frontière la frontière malienne pour se retrouver dans les autres pays de la sous-région en raison de la situation "socialement et économiquement intenable".

 Pour les pays comme la Mauritanie, le Burkina Faso et aussi le Niger, il était alors question pour les autorités étatiques et les acteurs non étatiques de déployer des efforts pour satisfaire les besoins en vivres et en non-vivres des réfugiés. Il s'imposait alors à ces pays de gérer des situations sociales et humanitaires indéniables.

                  DES PROFITS  ÉCONOMIQUES POUR  D'AUTRES PAYS ?

De l'avis de Djibril Sanou, étudiant malien, l'embargo de la CEDEAO a certes été un moyen de pression, mais il a aussi affecté des populations locales et de la sous-région "déjà très fragiles sur le plan économique".

"Le coton du Mali était bloqué en raison des sanctions. D'autres pays ont profité de cette situation d'embargo pour exporter en plus grande quantité leur coton", a estimé M. Sanou, rappelant que le Mali est le deuxième producteur africain de coton, "l'or blanc" qui est exporté vers plusieurs pays de la planète dont la Chine qui consomme environ 40 % de la production mondiale de coton brut.

 Pour d'autres observateurs, des exportateurs de la sous-région ont été également "pénalisés" par l'embargo.

                                    LE PORT D'ABIDJAN "PÉNALISÉ"

 "Un opérateur économique ivoirien a subi des pertes énormes car il livrait son stock d'avocats à des partenaires maliens. Mais le stock de ce produit périssable a été laissé à l'abandon", a fait remarquer Alexandre Bailly, un homme d'affaires ivoirien.

 "La Côte d'Ivoire a pour débouché un marché comme le Mali. Le Port autonome d'Abidjan (PAA) reçoit un stock important de marchandises en partance et en provenance du Mali", a souligné pour sa part le président de la Chambre de commerce et d'industrie de Côte d'Ivoire, Jean-Louis Billon, qui a déploré la perte du marché malien. Naturellement, Jean-Louis Billon se réjouit de la récente levée de l'embargo, avec les derniers développements de l'actualité.