Monnaie Unique de la CEDEAO : qu’est-ce qui coince ?

Afriquinfos Editeur
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Abidjan (© 2019 Afriquinfos)- Depuis le sommet de l’UA à Niamey en juillet et celui de la CEDEAO tenu quelques jours plus tard à Abidjan, les débats se font plus virulents sur l’avènement ou non de la monnaie unique de la CEDEAO. La sortie du président ivoirien Alassane Ouattara sur la parité de l’ECO avec l’euro n’a pas arrangé les choses. La question revient désormais. Les pays ayant le FCFA en partage seraient-ils un frein à l’éclosion de l’ECO ?

Maintes fois annoncé ces dernières années, la monnaie unique de la CEDEAO tarde à voir le jour. Si ces dernières semaines, son nom, l’ECO et sa l’échéance de 2020, ont été confirmés par les Chefs de l’Etat de l’Organisation, il semble qu’on est encore bien loin du consensus s’agissant des critères de convergence et notamment en ce qui concerne la parité avec l’Euro à laquelle sont arrimés bon nombre de pays d’Afrique francophone. La sortie d’Alassane Ouattara, le Président ivoirien qui le 9 juillet dernier a indiqué qu’à « terme le franc CFA s’appellera l’Eco », confirmant ainsi que la parité avec l’euro serait maintenue, est venue jeter un froid et refréner les ardeurs des plus enthousiastes.

« Les déclarations du président ivoirien ne constituent pas une surprise parce que les pays de l’UEMOA ne veulent pas visiblement couper le lien monétaire avec le trésor français et cela va rejaillir sur l’Eco » explique M. Ndongo Samba, économiste du développement. C’est un sujet de discorde entre les Chefs d’Etats africains. Les anglophones notamment le Ghana et le Nigeria exige le divorce d’avec le FCFA dans la marche vers la monnaie unique de la CEDEAO, l’ECO. Il est clair « que les pays qui sont hors CFA aujourd’hui en 2020 vont accepter de sortir de la liberté monétaire pour venir s’engoncer dans la servitude monétaire », avance pour sa part, le professeur Mamadou Koulibaly.

Un autre point qui risque de ralentir l’avancée vers l’ECO : les critères de convergence. Tous les pays ne pourront pas satisfaire aux critères de convergence à la lecture des rapports internationaux sur la santé économique des pays d’Afrique de l’ouest, il est plus plausible que l’entrée en vigueur de l’Eco se fasse en deux étapes.

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La première vague se fera avec les pays respectant les critères de convergence économique (majoritairement ceux de l’espace UEMOA) et une seconde phase avec les autres pays qui rejoindront le projet au fil du temps. De plus, de nombreuses étapes restent à franchir pour en arriver à la mise en circulation de l’ECO. Il faut penser à la création des institutions en charge de la gestion de cette monnaie, penser à sa forme, l’appellation (cycle et signe monétaires), la création de l’union monétaire (CEDEAO), les statuts de la banque centrale et par la suite on travaille au statut de la monnaie pour la ratification, la campagne autour de l’Eco. Autant dire que l’échéance de 2020 sera difficilement atteignable pour les pays de la CEDEAO.  

S.B.