Immigration: au moins 1.750 personnes mortes durant les traversées d’Afrique vers les côtes méditerranéennes en 2018 et 2019

Afriquinfos Editeur
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Des migrants sur le port de Tripoli en 2016 après que des garde-côtes libyens eurent récupéré 115 d'entre eux alors que leur embarcation sombrait.

Genève (© 2020 Afriquinfos)- Un rapport des Nations Unies publié ce mercredi indique que des milliers de migrants meurent ou subissent des exactions au cours de leur périple à travers l’Afrique vers les côtes méditerranéennes. Le même rapport estime que 72 personnes en moyenne ont péri chaque mois sur cette route ces deux dernières années.

« Pendant ce voyage, personne ne se préoccupe de savoir si vous vivez ou si vous mourrez »: le rapport du Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR) et du Centre des migrations du Conseil danois des réfugiés détaille les souffrances et sévices subis par les migrants aux mains des passeurs, des trafiquants et des milices armées.

Au moins 1.750 personnes sont mortes dans ce périple en 2018 et 2019, ce qui représente 72 morts par mois en moyenne, détaillent des chiffres onusiens. « Cela en fait une des routes les plus mortelles du monde pour les réfugiés et les migrants », s’alarme une nouvelle fois le HCR.

Ces morts anonymes s’ajoutent à ceux qui périssent ensuite en Méditerranée dans leur tentative de gagner l’Europe (plus de 1.200 en 2019 selon l’OIM, Organisation internationale des migrations).

Près d’un tiers des migrants meurent en tentant de traverser le Sahara. Les autres périssent dans le sud de la Libye ou le long de la route ouest-africaine incluant Bamako au Mali et Agadez au Niger, indique ce Rapport onusien.

Les femmes mais aussi les hommes, « risquent le viol et les abus sexuels », particulièrement aux check-points et aux frontières, ainsi que lors de la traversée du désert.

Quelque 31% des réfugiés interrogés ont été témoins ou ont subi des violences sexuelles dans plus d’un endroit tout au long de leur voyage, renseignent les auteurs de ce Rapport. L’arrivée en Libye, pays plongé dans le chaos depuis la mort du colonel Khadafi en 2011, est, pour ces migrants qui rêvent d’Europe, l’avant-dernière étape d’un voyage marqué par les tueries, la torture, le travail forcé et les mauvais traitements.

« Une action décisive et concertée doit être menée par les Etats de la région, avec le soutien de la communauté internationale, pour mettre fin à cette cruauté, protéger les victimes et juger les criminels », alerte le Haut-Commissaire aux Réfugiés, Filippo Grandi, cité dans le rapport.

Beaucoup de ceux qui tentent la traversée vers l’Europe sont interceptés par les garde-côtes libyens. Plus de 6.200 migrants ont été renvoyés vers les côtes libyennes en 2020, et sont souvent détenus arbitrairement dans des centres de détention officiels ou clandestins, rappelle l’ONU.