Felix Tshisekedi face à la montagne des maux politiques au Tchad dans sa médiation

Afriquinfos Editeur
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Kinshasa (© 2022 Afriquinfos)- Les travaux du sommet extraordinaire sur le Tchad lors de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC), tenue ce mardi 25 octobre 2022 ont désigné le président congolais Félix Tshisekedi, médiateur de la crise tchadienne.

Par ailleurs président en exercice de CEEAC,  le président Tshisekedi aura pour mission de rétablir la confiance entre différentes parties du conflit. Il sera appuyé dans son rôle par deux personnalités, dont le ministre congolais de l’Intégration régionale et le président de la commission de la communauté des Etats d’Afrique centrale, l’Angolais Gilberto Da Piedade Verissimo. Ces deux derniers ont été officiellement désignés envoyés spéciaux du médiateur.

«L’enjeu est de taille et les défis à relever majeurs car il s’agit à présent de remettre la transition sur de bon rail avec le peuple Tchadien en tenant compte à la fois de ses aspirations, des valeurs et idéaux de l’Union Afrique et de la CEAC ainsi que des principes fondamentaux qui guident leurs actions en pareille circonstance», a dit Tshisekedi ouvrant le sommet de Kinshasa.

Devant ses homologues et les représentants des pays de la CEEAC, Félix Tshisekedi a dressé un tableau sombre de la situation au Tchad : « Manifestement, ce consensus semble voler en éclats et la rue a repris la parole avec en solde mort d’hommes par dizaines. Le climat s’est brutalement détérioré. L’horizon s’est assombri à nouveau. L’espoir d’un renouveau démocratique au Tchad, sur fond de réconciliation nationale, s’est effrité».

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Le facilitateur sait également que le peuple tchadien est impatient de retrouver la paix et la stabilité : «L’heure n’est plus aux discours, mais aux actions concrètes et rapides pour assister ce pays frère à mener à bon port ce processus». Selon un diplomate en poste à Kinshasa, le chef de l’État congolais joue la crédibilité de l’organisation régionale à travers ses nouvelles fonctions de facilitateur. Un défi pour le chef de l’État congolais qui va devoir faire preuve d’impartialité et surtout d’efficacité, renchérit un autre diplomate africain, pour parvenir à la désescalade.

Ce sommet convoqué par Tshisekedi a été décidé après la mort d’au moins 50 personnes la semaine dernière lors des manifestations populaires réprimées par les forces de sécurité dans deux villes du Tchad pour protester contre la durée de mandat de la transition qui est fixée à deux ans après une première partie de 18 mois depuis la mort d’Idriss Deby.

Juste des mots ou des actes seront joints à la parole ?

Toutefois, des interrogations subsistent sur le rôle de la CEEAC dans la crise tchadienne qui semble avoir largement dépassé le stade du dialogue entre les protagonistes. On se demande si la communauté des Etats de l’Afrique centrale peut prendre des mesures coercitives à l’encontre de l’une ou de l’autre des parties au conflit ?

Sans oublier que les contempteurs du président de la transition ont clairement affiché dans la rue, leur rejet des conclusions du Dialogue national inclusif et souverain (DNIS) qui a prolongé de deux ans, le mandat de Mahamat Idriss Deby, alors que ce dernier s’était pourtant engagé à rendre le pouvoir au terme des 18 premiers mois de transition échus le 20 octobre dernier.

Aussi, la CEEAC peut-elle empêcher la candidature à la prochaine présidentielle, ouverte au fils de Deby au terme de la transition en cours, l’un des principaux points de désaccord ? Même si elle avait la volonté de le faire, est-elle bien placée pour le faire ? A-t-elle les moyens d’y parvenir?

Outre le président Félix Tshisekedi de la République démocratique du Congo, trois autres chefs d’Etat, notamment Mahamat Deby du Tchad, Dénis Sassou N’guesso du Congo et Faustin-Archange Touadera de la Centrafrique ont pris part au sommet d’une journée.

La conférence a, par conséquent, mandaté le président de la commission à poursuivre sans relâche les consultations auprès de l’UA, la Communauté des Etats Sahélo-Sahariens (CEN-SAD), la commission du CBLT et le G5 Sahel en vue d’aboutir au soutien de la transition au Tchad, fondé sur le principe de la subsidiarité.

La conférence a exhorté les partenaires bilatéraux et multilatéraux du Tchad, particulièrement l’ONU et l’Union africaine, à maintenir et à renforcer leur appui diplomatique, financier, matériel et technique nécessaire au processus de transition dans ce pays.

Vignikpo Akpéné