Un échec de la CEDEAO dans sa médiation en Guinée Bissau et au Mali serait préjudiciable à la stabilité dans la région (ANALYSE)

Afriquinfos Editeur
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La junte bissau-guinéenne ayant rejeté toute idée d'un retour aux affaires du président de la Transition Raymundo Perreira, comme le recommande les chefs d'Etat de la CEDEAO, à l'issue d'un sommet extraordinaire tenu le 26 avril dernier dans la capitale ivoirienne. Tandis que du côté de Bamako des affrontements meurtriers ont opposé dans la soirée du lundi, ce jusqu'au mardi des bérets rouges, appartenant à l'ancienne garde rapprochée du président déchu Amadou Toumany Touré à la junte du capitaine Sanogo, faisant 14 morts et une quarantaine de blessés, rapportent des sources officielles maliennes.

Ces attaques perçues comme "un contre coup d'état" visant à anéantir la junte retranchée dans la garnison militaire de Katy auraient finalement échoué.

Ces incidents surviennent alors que la junte malienne venait de s'opposer aux décisions de la CEDEAO portant sur le déploiement d'une force pour la protection des institutions de la Transition. Le capitaine Sanogo et ses hommes auraient également trouvé le chronogramme de 12 mois fixé par les chefs d'Etat de la CEDEAO pour la durée de la Transition "Trop long" selon la junte qui préfère que cette durée n'excède pas les 40 jours, comme le stipule la constitution du pays.

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Il conviendrait de rappeler que dans le communiqué final, les participants dont une dizaine de chefs d'Etat avaient fixé la période transition malienne à 12 mois. Au terme de laquelle seront organisées des élections législatives et présidentielles.

Les membres de la junte malienne ayant été invités à regagner les casernes tout en s'abstenant de "toute action arbitraire et unilatérale qui serait commise désormais par ses membres, qui seront passibles de sanctions individuelles ciblées".

Quant aux putschistes de Bissau, un ultimatum de 72 heures leur avait été adressé, pour rendre le pouvoir aux autorités de la Transition, au risque d'exposer le pays à des sanctions " économiques et diplomatiques". Le refus de se plier à cette injonction pouvant les exposer à des "sanctions ciblées avec effet immédiat sur les membres du commandement militaire et leurs associés".

La CEDEAO n'excluant pas des poursuites de la CPI (Cour pénale internationale) contre les membres de la junte bissau-guinéenne. Le sommet avait à cet effet annoncé l'envoie de 600 hommes en Guinée Bissau, ce dans l'urgence.

Face au refus des militaires de reconnaître la légitimité du président de la Transition, la CEDEAO a adopté la fermeté vis-à- vis de la junte en Guinée Bissau en brandissant des sanctions contre le pays. Sanctions dont la nature n'a pas encore été dévoilée pour le moment.

Même si certains observateurs pensent que ces mesures vont surtout viser l'aspect commercial, par l'interdiction de l'exporter de la noix de cajou, principal produit agricole dont la vente permet à ce micro-état d'équilibrer ses finances.

A l'allure où vont les choses, la CEDEAO n'a pas droit à l'erreur dans sa prise de décision concernant ces deux dossiers brûlants. A l'heure qu'il est, elle doit surtout éviter que la junte malienne ne se durcisse avec ce qui vient de se passer à travers les affrontements qui ont opposé les forces loyalistes aux putschistes. Car vouloir donner un tour de vis sécuritaire au niveau de la capitale et dans le reste du pays non encore conquis par la rébellion ne ferait que compliquer la donne pour le gouvernement de Transition de Diouncounda Traoré, un gouvernement qui peine à trouver ses marques dans ce maelstrom.

Le médiateur dans cette crise malienne le président burkinabè Blaise Compaoré, habitué à ce genre de conflit saura certainement user de tact en essayant de ménager la chèvre et le chou.

En attendant de permettre d'écarter complètement les militaires de la scène politique malienne. La même recette mériterait d'être appliquée du côté de Bissau où l'armée est toujours demeurée un acteur clé dans la gestion des affaires de l'Etat. Une triste réalité dont il va falloir se départir dorénavant. C'est du moins ce qui émane de la décision de la CEDEAO qui multiplie la pression sur la junte, afin de l'amener à s'effacer de la scène politique.

La tâche est immense voire complexe pour cette institution sous régionale qui doit se battre sur deux fronts. En ayant à l'idée que tout échec dans ce processus de médiation sera lourd de conséquence pour la stabilité dans toute la sous région.