Drame de Bourgogne : La situation deux semaines après le drame

ecapital
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Vingt-trois morts, plus de cinquante blessés, des familles sans toits et un scandale, tel est le bilan du drame de Bourgogne. L’effondrement de trois immeubles dans ce quartier de Casablanca a bouleversé les casablancais qui, au-delà du choc et de la tristesse ressentie pour les victimes, ont découvert qu’une grande partie de leur ville est menacée de subir le même sort. Aujourd’hui, l’enquête se poursuit pour déterminer les causes (et les responsables) de l’accident, mais il est d’ores et déjà certain que la surélévation des immeubles est en cause dans l’accident. Voici un point sur les derniers rebondissements de l’affaire.

– Encore des victimes sous les décombres ? –

Alors que les opérations de secours se sont achevées le 14 juillet, les habitants du voisinage affirment qu’il y a encore des cadavres sous les décombres. Cette affirmation qui est pour eux une certitude vient du l’odeur ambiante. Une affirmation qui, si elle était vrai, pourrait bien alimenter un peu plus le scandale, d’autant plus que les secours ont affirmé avoir sortir le dernier corps des décombres il y a plus d’une semaine.

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– Les immeubles voisins évacués –

Evacués au lendemain du drame, les habitants des immeubles voisins risquent de ne pas regagner leurs appartements de sitôt. Ceux-ci présentent en effet des risques d’effondrement très importants. Construits selon le même modèle que les immeubles effondrés, et mitoyens avec eux, ils ont été fragilisés par l’effondrement.

Certains voisins, venus récupérés une partie de leurs biens après la fin de l’opération de sauvetage ont ainsi pu constater l’ampleur des dégâts. Une habitante d’un immeuble voisin montrait hier aux médias marocains sa cuisine, ou plutôt ce qu’il en reste. En effet, l’effondrement s’étant produit juste à côté, la paroi de la pièce a cédé, laissant entrer des gravats et des morceaux de l’immeuble mitoyen. La propriétaire de l’appartement a conscience de la chance qu’elle a eu, et des risques qu’elle encourt… son immeuble n’est pas passé loin de la catastrophe qui a touché ses voisins.

Les vingt-trois familles rescapées de l’effondrement ont donc été relogées, de même que vingt-huit familles habitant les immeubles mitoyens. En parallèle, des poutres en bois et des charpentes métalliques sont en train d’être installées autour des immeubles voisins, pour les stabiliser et éviter un « effet domino » des effondrements.

– La protection civile se défend –

Dès les premiers jours de l’opération de secours, mise en place pour évacuer les survivants puis, récupérer les corps, la protection civile a eu à faire face à de nombreuses accusations. Beaucoup ont critiqué sa lenteur et ont estimé qu’elle n’avait pas mis en place l’ensemble des moyens mis à sa disposition. Plus de dix jours après la catastrophe, elle s’est enfin exprimé, se défendant et détaillant l’ensemble des moyens mis en place.

La protection civile, qui a participé à plusieurs opérations de secours dans différents pays, notamment suite à des tremblements de terre (Turquie, Iran et Haïti) a rappelé qu’elle avait les mêmes compétences que les meilleurs éléments internationaux. Elle a effectivement procéder de façon organisée et rationnelle lors de l’opération de secours. Après avoir évacué quatre immeubles voisins et localisé six survivants, les secours ont entrepris de dégager les restes afin de permettre le sauvetage des survivants. Ils ont ensuite localisé les corps des morts, afin de les sortir des décombres. Pour ce faire, d’importants effectifs ont été mobilisés, et la protection civile a utilisé son matériel le plus performant (dont deux camions équipés entre autres de vibraphones – détecteurs de mouvements -, vibrascopes – caméras mobiles pour localiser les victimes – et télémètre laser – pour éviter les risques d’effondrement -). Cinquante-cinq personnes ont ainsi pu être sauvées.

La protection civile s’est aussi défendue sur le cas d’Amal Maarouf, la jeune actrice morte dans l’effondrement. Beaucoup l’ont accusé d’avoir laissé mourir la jeune femme sous les décombres et de ne pas avoir fourni les efforts nécessaires pour la sauver. Ces accusations viennent du fait que, selon le grand-père de l’actrice, elle l’aurait appelé alors qu’elle était sous les décombres, pour dire qu’elle était encore en vie mais dans la détresse, ne pouvant pas bouger. Sa situation critique requérait donc une intervention rapide des secours. Or, selon la protection civile, Amal Maarouf serait morte sur le coup, il n’y avait donc rien à faire pour la sauver. Elle explique que son grand-père l’aurait confondue avec une autre jeune fille avec laquelle il s’est entretenu, et qui, elle, a pu être sauvée.

– La police renforce sa présence sur les lieux –

Jour après jour, la situation se complique autour des immeubles effondrés. Alors que le terrain n’est pas encore entièrement déblayé, certains survivants essaient d’accéder aux immeubles pour récupérer des affaires : documents administratifs ou objets personnels. Chacun a l’espoir de retrouver quelque chose sous les décombres. Toutefois, l’accès à la zone est fermé au public. Face à l’augmentation de tentatives d’accès, la police a renforcé sa présence sur les lieux.

Les affaires personnelles des anciens habitants des immeubles sont séparées des décombres et mises à part afin que leurs propriétaires puissent les récupérer. La police doit toutefois veiller à ce que certains ne profitent pas de la situation pour piller les lieux et s’approprier des biens qui ne leurs appartiennent pas.

– Dans l’attente de réponses –

En attendant de connaitre les résultats de l’enquête, tout le quartier est mobilisé pour aider les victimes de l’effondrement. Dans le voisinage, certains affirment avoir sorti les corps des décombres plus que ne l’a fait la protection civile. Si pour l’heure l’enquête ne porte que sur les causes de l’accident, certains espèrent aussi que la lumière sera faite sur la mise en place des secours.

Dans l’attente de réponses, l’ensemble du quartier est sous le choc mais c’est surtout le système des rénovations à Casablanca qu’ils condamnent. Tous s’indignent devant le fait qu’elles ne se font jamais conformément à la loi, ne respectent pas les procédures et ne font pas appel à des architectes professionnels. Ils expliquent que pour agrandir son garage, une des victimes avait fait enlever une poutre sans consulter d’architecte. Des travaux qui selon eux pourraient avoir accéléré la survenue du drame. Leur indignation est d’autant plus forte que les autorités ont eu besoin d’un drame pour prendre conscience de la situation.

Afriquinfos

 

 

 

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