Dénonciation d’une justice à deux vitesses: La CPI tente de calmer les Etats frondeurs

Afriquinfos
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LA HAYE (© 2016 Afriquinfos) – Sidiki Kaba, le président de l’Assemblée des Etats parties au traité fondateur de la CPI, a invité au dialogue les Etats critiques de la Cour pénale internationale. C’était devant la presse sénégalaise à Dakar ce lundi.

«Aujourd’hui plus que jamais, il y a un gigantesque besoin de justice universelle», a-t-il déclaré. Pour lui, il est plus qu’un devoir de dialoguer afin de ne pas donner libre cours au vent de scission que font agiter certains pays en laissant «les tragédies» s’opérer «sous nos yeux». Ainsi, il espère que la prochaine Assemblée générale des Etats parties qui se tiendra du 16 au 25 novembre prochain à La Haye (Pays-Bas) sera l’occasion de «trouver un consensus dynamique». «Il faut saisir cette opportunité pour engager un dialogue avec les Etats qui voudraient quitter la CPI. Pour cela, il faut écouter leurs appréhensions, leurs récriminations, leurs critiques», a suggéré Sidiki Kaba également ministre de la Justice au Sénégal.

En toile de fond, la sortie du ministre visait à dissuader le Burundi et l’Afrique du sud qui n’ont pas caché leur désir de quitter la CPI. Ces deux pays ont déjà fait savoir par lettre à la juridiction dirigée par la Procureure Fatou Bensouda, leur décision de retrait. Une décision qui prend effet dans un an. «C’est dans un délai d’un an que le retrait devient effectif», a expliqué Sidiki Kaba. Le président de l’Assemblée des Etats parties au traité fondateur de la CPI a souhaité que  des systèmes judiciaires des pays africains soient renforcés. Il a également fait remarquer  qu’en réalité, la CPI est un «ultime recours» des Etats qui l’ont sollicitée. «Si chaque Etat jugeait les crimes (…), la Cour pénale internationale serait moins sollicitée, aurait moins de travail. Ainsi, l’Afrique jugerait les Africains sur le continent», a laissé entrevoir Sidiki Kaba.

Un retrait de nul effet

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 Selon Adama Dieng, Conseiller spécial des Nations Unies sur la prévention du génocide, l’annonce du Burundi de quitter la CPI n’aura pas d’incidence sur  l’enquête sur les crimes commis en avril 2015 au Burundi. Ce retrait «ne change pas la donne sur les poursuites éventuelles (…). Les effets de ce retrait ne sont pas rétroactifs», a-t-il fait savoir. Cependant, il affirmé que c’est un droit absolu pour un Etat souverain de vouloir quitter la Cour pénale internationale. Le président burundais  Pierre Nkurunziza a promulgué la loi  qui prévoit le retrait de son pays de la CPI. Cependant, le pays doit faire part de sa décision à  l’ONU avant d’enclencher le processus tout comme l’Afrique du sud.

«L’Afrique est dans un processus de renforcement de ses propres institutions de respect des droits de l’Homme. Nous faisons partie de ce processus, sous la houlette de l’Union africaine. Et nous nous sommes engagés à continuer à travailler avec d’autres pays au niveau de l’UA pour faire en sorte que l’Afrique du Sud continue d’être un phare dans la promotion des droits de l’Homme ici et ailleurs dans le monde », a déclaré la semaine dernière, Michael Masutha, le ministre de la Justice sud-africaine.

Il avait annoncé la décision de son pays de quitter la CPI qui selon lui, «entrave l’aptitude de l’Afrique du sud à honorer ses obligations en matière de respect de l’immunité diplomatique». Une sortie qui a fustigé les pressions reçues par l’Afrique du Sud lors du sommet de l’Union africaine (en 2015 à Johannesburg) à laquelle a pris part le président soudanais Omar el-Béchir, sous le coup d’un mandat international pour crimes contre l’Humanité.

Anani  GALLEY