Comportement «tapioca» des Eperviers après leur élimination en quarts !

Afriquinfos Editeur
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L’attachement affiché publiquement par Didier Six envers ses joueurs, tout singulièrement Kossi Agassa et Emmanuel Adebayor, avant et pendant leur participation collégiale à la 29ème Can n’était donc que de façade ? Les deux joueurs phares de la sélection togolaise ont, devant la presse internationale, désavoué les choix de leur coach durant la rencontre Eperviers-Etalons comptant pour le dernier match des quarts de finale du 29ème tournoi panafricain. A travers les sorties médiatiques du portier Agassa et du goléador Adebayor, se lit un grand agacement et surtout une envie effrénée de restructuration de l’encadrement technique de la sélection du Togo voire un limogeage de Didier Six. L’intéressé lui-même, à demi-mots et indirectement, a constaté devant la même presse cette prise de position des stars de son effectif…

Le Togo ne cessera donc d’étonner la planète foot par les subites volte-face de ses joueurs et dirigeants qui ne semblent pas avoir de la suite dans les idées, depuis leur participation historique au Mondial 2006 ! La rapidité de l’expression de la colère d’Adebayor et d’Agassa est tout de même étonnante, quand on se rappelle des conditions dans lesquelles les Eperviers se sont préparés pour la Can 2013 et des résultats qu’ils y ont obtenus.

Visiblement, le portier de Reims et l’attaquant des Spurs de Tottenham avaient faim d’une grande consécration à l’échelle panafricaine ; tout comme le reste de l’équipe d’ailleurs. Mais, comment peut-on être aussi intransigeant et demandeur à l’égard de l’actuel encadrement des Eperviers qui a dû reformater la cohésion qu’elle avait établie entre ses jeunes joueurs, à la faveur des come-backs d’Agassa et surtout de Shéyi Adebayor ? Les Togolais seraient-ils devenus amnésiques par enchantement ?

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Les deux équipes maghrébines (Algérie et Tunisie) auxquelles les Eperviers ont barré la route de la qualification au premier tour disposent de véritables politiques de développement et de planification de leur foot. Un stade qu’est encore loin d’atteindre le pays de C. Kader. La preuve, tous les douze mois, ces deux Etats alignent des clubs au dernier stade des coupes africaines, contrairement aux Togolais. En compostant leurs billets pour la Can 2013 le 14 octobre 2012, Adebayor et les siens avaient certes déclaré ouvertement leur envie de marcher, en Afrique du Sud, sur les plates bandes de la Zambie qui avait ravi en février 2012 la Can avec une modeste formation… Ambition légitime et louable ; mais les Togolais ont effacé de leur mémoire la donne selon laquelle les Zambiens ont trébuché en finale de la Can 94 et ont participé à maintes reprises à plusieurs seconds tours de la plus célèbre des tournois en Afrique avant de décrocher le trophée tant convoité !! Sans oublier les récurrents bons comportements de la sélection locale zambienne en Coupe Cecafa (Afrique australe) et des clubs du même pays en coupes africaines ces dernières décennies.

Autant dire que les points de rapprochement entre l’expérience zambienne et togolaise sont rares et qu’il faut, aussi bien dans la vie courante que dans le sport au haut niveau, avoir des ambitions à la hauteur de ses moyens. Pas moins de 30 jours ; ce fut le temps précieux "gaspillé" par les Togolais à se battre autour de revendications légitimes après leur qualification d’octobre dernier. Ces errements payent cash tôt ou tard dans de grandes compétitions, comme ce fut le cas contre les Etalons dimanche dernier.

Ne pas absoudre des fautes

Didier Six a étalé à la face de l’Afrique durant la Can 2013 sa "méconnaissance" de l’entièreté du comportement de ses joueurs et surtout des hésitations criardes au sujet du repositionnement de ses poulains à des moments opportuns. La dernière en date de ces hésitations remonte au match contre les Etalons, quand il a misé sur Prince Segbefia au détriment d’un bon joueur à vocation offensive, quand l’attaque togolaise avait cruellement besoin d’oxygène. Idem pour le non-repositionnement de Vincent Bossou dans le match contre la Côte d’Ivoire, après la sortie de celui qu’il devait surveiller, Didier Drogba…

Mais ces petites impérities devaient être discutées en vas clos. Elles ne pouvaient pas être étalées publiquement, sans discussions approfondies entre joueurs et dirigeants après leur élimination de la Can les armes à la main.

Limoger Didier Six à la veille de la poursuite des éliminatoires de la Coupe du monde 2014 équivaudrait à réengager un travail de Sisyphe avec une sélection majoritairement jeune. L’idéal serait de lui offrir une occasion de rachat, une transition avant un éventuel départ. Que Shéyi Adebayor et K. Agassa deviennent hyper matures dans la lecture du déplacement de leurs coéquipiers sur les pelouses est une grande et bonne nouvelle pour les Eperviers. Mais jamais, dans une équipe qui se veut professionnelle, les joueurs ne doivent prendre la place des techniciens payés à coups de millions de fcfa pour cette tâche.

La population togolaise paupérisée qui s’est saignée pour supporter ses joueurs pendant leur "épopée" sud-africaine, en dépit des nombreux dérapages d’avant-compétition, n’avait pas besoin de sorties médiatiques tonitruantes qui ont ponctué le séjour de ses ambassadeurs au pays de Mandela. Seul motif de gaieté nationale dans un Etat toujours malade sur le plan socio-politique, le foot au Togo n’a plus besoin « d’opposants radicaux » au moment où les Eperviers sont rentrés dans le cercle fermé des huit meilleures formations d’Afrique. Si les causes de l’agacement de Shéyi Adébayor et d’Agassa se situent sur un autre terrain que sportif, c’est aussi le moment de le signifier au peuple.   

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