Rencontre Kagamé-Fabius à Libreville pour régler la crise franco-rwandaise

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L'entretien s'est déroulé en marge du 3e New York forum Africa, manifestation rassemblant plusieurs centaines de personnalités issues des milieux économiques, universitaires et artistiques sur le thème de l'avenir du continent africain.

"Nous avons fait le point sur la situation", a déclaré à des journalistes M. Fabius à l'issue de la rencontre, la qualifiant d'"utile".

"Il est souhaité de part et d'autre (…) de revenir à une relation apaisée", a assuré le ministre français, ajoutant qu'il fallait "donc trouver les voies et moyens" d'y parvenir. M. Kagame ne s'était pas exprimé vendredi après-midi sur la teneur de l'entretien.

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M. Fabius s'est également entretenu avec le président gabonais Ali Bongo Ondimba, présent au forum et initiateur de la rencontre.

Les relations entre Paris et Kigali traversent une nouvelle crise après les dernières accusations de M. Kagame sur l'implication de la France dans le génocide de 1994 qui a fait 800.000 morts.

Le 7 avril, lors des commémorations du génocide, M. Kagame s'en était pris de façon à peine voilée à la France, accusée de refuser de reconnaître sa responsabilité dans les massacres. Aucun représentant officiel de Paris n'avait participé aux commémorations.

Cette crise a éclaté alors que depuis quelques années les relations paraissaient s'apaiser entre Paris et Kigali. M. Fabius a d'ailleurs estimé qu'avant la crise d'avril, elles étaient "bonnes".

Cette crise n'empêche d'ailleurs pas les militaires rwandais et français de travailler ensemble à la pacification de la Centrafrique, a-t-il souligné.

 – Rôle de l'armée au Rwanda –

Au coeur du contentieux franco-rwandais figure le soutien de Paris et de son armée au régime hutu rwandais, coupable du génocide. De 1990 à 1993, les soldats français sont intervenus pour aider l'armée rwandaise à lutter contre la rébellion tutsi du Front patriotique rwandais (FPR) aujourd'hui au pouvoir au Rwanda.

Puis le 22 juin, la France avait lancé seule l'opération Turquoise sous mandat de l'ONU, avec pour objectif affirmé de protéger les populations civiles des massacres en cours dans le pays.

Dans la réalité, accuse Kigali, cette mission a permis de protéger les responsables du régime génocidaire dans leur fuite vers le Zaïre (devenu depuis la République démocratique du Congo, RDC).

Ce qui vaut depuis 20 ans à la France l'accusation par Kigali de "complicité" de génocide pour avoir formé et armé les forces rwandaises.

Kigali reproche aussi régulièrement à Paris sa mansuétude supposée à l'égard de présumés génocidaires réfugiés en France et les enquêtes judiciaires mettant en cause le rôle de M. Kagamé dans l'attentat ayant coûté la vie au président au président Juvénal Habyarimana, qui fut le déclencheur du génocide.

Les gouvernements français ont toujours récusé les accusations rwandaises, notamment celles visant le rôle de l'armée française au Rwanda.

Le 11 avril, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, se plaçant sur la même ligne que ses prédécesseurs, avait pris la défense de l'armée face aux accusations de M. Kagamé.

"Les mots ont un sens et, dans ces circonstances, certaines accusations ne peuvent rester sans réponse", assurait dans un message M. Le Drian, sans mentionner le nom du chef de l'Etat rwandais.

Selon le ministre, "l'honneur de la France et de ses armées, c'est d'avoir, avant les autres, réagi au drame qui se déroulait sous le regard d'une communauté internationale paralysée".

Environ 800.000 personnes, essentiellement des Tutsis, ont été tuées au printemps 1994 lors du génocide au Rwanda.