RDC: Des équipements pour le vote partent en fumée à dix jours du scrutin

Afriquinfos Editeur
4 Min de Lecture

(© 2018 Afriquinfos)- En République Démocratique du Congo, (RDC), environ 8.000 machines à voter sur 10.300 ont été détruites, tout comme 3774 isoloirs sur les 8887 prévus; 800 nouvelles motos et 15 véhicules dans un incendie. Le matériel des cycles électoraux de 2006 et de 2011 a également été brûlé.

Selon la CENI (Commission électorale nationale indépendante de la République Démocratique du Congo, NDLR), 77% de l’équipement qui devait être utilisé dans la capitale pour l’élection présidentielle du 23 décembre a été détruit dans l’énorme incendie qui a ravagé un de ses entrepôts, la nuit dernière. 15% de la population congolaise vit à Kinshasa.

C’est vers 2h30 ce matin qu’un incendie est signalé dans un entrepôt de la CENI. C’est là qu’est stocké le matériel électoral pour la ville de Kinshasa en vue de l’élection présidentielle du 23 décembre.

Selon des sources officielles, l’entrepôt était surveillé par des policiers, ceux-ci ont été interpellés et sont entendus par les enquêteurs.

- Advertisement -

L’origine criminelle de cet incendie ne fait pas vraiment de doute. « On pense à un incendie d’origine criminelle », a expliqué le ministre de l’Intérieur aux médias présents sur place. « Tout laisse à penser que le processus était déjà vicié, on sait que certains étaient contre ces machines à voter. Mais ce qui est sûr c’est que le scrutin se tiendra le 23 décembre, on se battra pour que ça se passe! », a-t-il ajouté.

Depuis plusieurs semaines, l’opposition rejette l’utilisation de ces machines à voter, qu’elle estime moins fiables que les bulletins papier. C’est la première fois que ce type de matériel est utilisé en RDC et certains redoutent que ces machines à voter deviennent des « machines à tricher » au profit de Emmanuel Ramazani Shadary, le dauphin de l’actuel président, Joseph Kabila.

Dans un tweet daté du 13 septembre 2018, Olivier Kamitatu Etsu, porte-parole de l’opposant Moïse Katumbi, menaçait d’ailleurs de les détruire. « Le rejet est total! Si Corneille Nangaa (le président de la CENI, ndlr) s’entête à imposer ses 100.000 machines à tricher, il devra déployer derrière chacune d’elle un policier pour qu’elles ne soient pas cassées, détruites, brûlées! Les Congolais vont se charger de faire respecter la loi électorale. »

Des tensions à dix jours des élections

La CENI, elle, défend son choix. Ces machines (des écrans tactiles avec imprimante intégrée) présentent, selon elle, l’avantage de réduire le coût et la logistique des élections. Hier, elle expliquait, sur son compte Twitter, qu’après « vérification technique, tous les matériels électoraux sont arrivés, en bon état de fonctionnement, dans tous les territoires et villes »,

A 10 jours de l’élection présidentielle, la tension monte en République démocratique du Congo. Plusieurs civils venus assister à des meetings d’opposants ont été tués. Ce matin encore, un jeune homme de 17 ans, partisant de l’opposant Félix Tshisékédi, a été tué par un policier qui a ouvert le feu sur lui.

Hier déjà, la représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies en RDC, Leïla Zerrougui, déplorait « les pertes en vies humaines » et demandait « aux autorités congolaises de prendre les mesures nécessaires pour éviter de nouveaux incidents ».

I.N.