Littérature/Jusqu’à quand les auteurs togolais seront absents dans les programmes éducatifs de leur pays?

Afriquinfos
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LOME (© 2018 Afriquinfos) – Divers acteurs du secteur de l’éducation et de la littérature ont organisé fin mars 2018 à Lomé une table ronde autour du thème, «la place des nouveaux acteurs togolais pour une mise à jour des programmes scolaires de français au Togo». Rencontre destinée, dans le cadre de la 11è édition du Festival culturel Filbleu, à explorer les voies et moyens par lesquels l’on peut intégrer les nouveaux auteurs togolais dans les programmes scolaires de leur pays.

 

C’est une initiative de l’association PEN-Togo en partenariat avec le Festival Filbleu, et des acteurs de l’Education Nationale que sont inspecteurs et professeurs de français sur ce qui se fait jusqu’à ce jour dans le cadre du renouvellement du programme de français dans écoles, collèges et lycées en terre togolaise. Une rencontre dont le bien-fondé s’est avéré pertinent. «Cette table ronde avait pour intérêt l’analyse des procédés par lesquels on peut intégrer les nouveaux auteurs togolais dans les programmes scolaires de notre pays. La table ronde a permis de dresser un constat : il y a une invisibilité totale des auteurs togolais dans les programmes d’enseignement, et surtout au secondaire. Au cours primaire, c’est l’hécatombe», témoigne Sékou Kadjanganbalo, professeur de français, proviseur du lycée Adidogomé 2 (dans la capitale togolaise).

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«Il faut corriger cette invisibilité. Le constat ayant été fait, il s’est agi d’établir dans un laps de temps court un petit diagnostic pour constater que le problème a une dimension surtout institutionnelle, parce que la question des programmes est une question institutionnelle. Les programmes d’enseignement sont définis par les autorités compétentes du pays, qui sont les seules habilitées à le faire. On s’est aussi rendu compte que l’enseignant sur le terrain pouvait indépendamment de cette souveraineté qu’on reconnaît à l’autorité de l’Etat, prendre des initiatives pour pallier ce manque de visibilité de notre littérature dans nos programmes», poursuit le même enseignant.

Dans cette optique, il y a déjà un travail qui vient de commencer avec le PAREC (Projet d’Appui à la Réforme des Collèges) initié par le ministère des Enseignements primaire et secondaire pour réviser les programmes du premier cycle du secondaire. Cet ambitieux projet est financé par l’Agence Française de Développement depuis 6 mois déjà. Une équipe formée des professeurs d’université, de quelques enseignants est à pied d’œuvre pour l’opérationnaliser, renseigne-t-on officiellement.

Aux yeux de Kangni Alem (écrivain et l’un des premiers responsables du Festival «Filbleu»), on avait l’impression que le ministère ne communiquait pas assez sur ce qui se tramait dans les couloirs. Il y a eu de nombreux séminaires dont on n’a pas eu les résultats. Mettre ensemble des acteurs de cette mutation souhaitée nous permet de dresser un plan collégial. Par exemple, tout récemment à Kpalimé (environ 120 km de Lomé), il y a encore eu un séminaire du ministère des Enseignements primaire et secondaire avec des inspecteurs, des professeurs de français, ceux d’autres disciplines et des professeurs d’université pour plancher sur une nouvelle réforme de l’ensemble du système éducatif togolais.

«Donc, nous en sommes arrivés à la nécessité d’encourager les initiatives, que ce soit au niveau de l’enseignement, des maisons d’édition, associations, etc., avec l’intention de pouvoir mener un lobbying auprès de toutes personnes ou toutes autorités concernées, pour que la question de l’enseignement du français en général et la question de l’étude des auteurs togolais dans les programmes de français puisse atteindre le plus haut niveau de notre pays comme une préoccupation», mobilise le sieur Kadjanganbalo, professeur de français de son état.

La dernière grande réforme dans le monde éducatif togolais remonte à 1975, sous la direction du feu ministre Yaya Malou. «Ce qui nous intéresse à FIL BLEU, c’est principalement la question de l’introduction dans les programmes du second cycle des auteurs togolais. L’étude des œuvres intégrales devrait pouvoir se faire avec un cycle plus rapproché, c’est-à-dire on mettrait au programme 4 ou 5 auteurs tous les 3 ans. Cela aurait le mérite de permettre aux jeunes de découvrir la contemporanéité de la littérature togolaise, les nouvelles thématiques qui sont abordées par les auteurs, les nouvelles visions du monde parce qu’en réalité, ce que l’on oublie, c’est qu’à travers l’enseignement du français, on n’enseigne pas une langue mais plutôt, on enseigne des idées», tient à préciser Kangni Alem.

 

Par Dodo ABALO et Komlan AWUKU