Libye : Manifestation en faveur d’un général dissident

Afriquinfos Editeur
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Cette manifestation, l'une des plus importantes depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011 après huit mois de révolte, a eu lieu une semaine après le lancement par le général à la retraite Khalifa Haftar d'une opération baptisée "Dignité" contre les "groupes terroristes" à Benghazi (est).

A l'étranger, les puissances occidentales ont réclamé une transition politique sans violences en Libye, s'alarmant des risques de "chaos" à un mois d'élections législatives annoncées pour le 25 juin.

"Oui à la Dignité", "la dignité de la patrie est notre dignité à nous tous", "oui à un Etat civil", pouvait-on lire sur des pancartes brandies par une foule nombreuse sur la place des martyrs à Tripoli, en appui à l'opération Haftar à laquelle se sont ralliées plusieurs brigades de l'armée et de la police.

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Des milliers de personnes se sont également rassemblées devant l'hôtel Tibesti à Benghazi, bastion de la révolution libyenne et fief des groupes islamistes radicaux, ainsi qu'à Al-Bayda, plus à l'est.

– 'Pas un nouvel Afghanistan

"Oui à l'armée, oui à la police", "Non aux milices, la Libye ne sera pas un nouvel Afghanistan", proclamaient également des banderoles.

Lors des rassemblements, des slogans contre le Congrès général national (CGN, Parlement), la plus haute autorité politique et législative, ont été scandés malgré l'annonce des législatives pour élire un nouveau Parlement.

Le CGN, issu du premier scrutin libre du pays en juillet 2012, s'est attiré de nombreuses critiques surtout pour avoir unilatéralement rallongé son mandat jusqu'en décembre 2014. Ses détracteurs accusent aussi les blocs parlementaires islamistes de "complicité" avec les groupes radicaux qui sévissent en particulier dans l'Est.    

Le général Haftar a accentué cette semaine la pression sur le CGN en exigeant la mise en place d'un "Conseil présidentiel" pour mener une période de transition. Sa feuille de route prévoit la suspension du parlement.

La demande du CGN à une milice armée de la ville de Misrata (ouest) de se déployer à Tripoli et "protéger les institutions de l'Etat", a provoqué aussi la colère du gouvernement et d'une partie de la population.

Le cabinet du Premier ministre sortant Abdallah Al-Theni, dont les relations sont extrêmement tendues avec le CGN, a mis en garde contre une flambée de la violence entre milices.

– L'Occident craint le 'chaos' –

 

Une vive rivalité oppose les milices de Misrata et celles de Zenten qui sont très bien implantées dans la capitale malgré plusieurs tentatives de les en chasser.

L'arrivée jeudi d'une force de Misrata à Tripoli a suscité la panique au sein des habitants qui craignaient des affrontements avec les Zentanis. Mais un compromis conclu entre les deux camps a évité une escalade.

Les autorités intérimaires ont été incapables de contenir les puissantes milices armées formées de rebelles qui ont participé à la révolte de 2011, n'ayant pas pu mettre en place une police ou une armée disciplinées.

Dans un communiqué conjoint, les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni, qui ont participé à degrés différents à l'offensive de l'Otan en 2011 contre le régime Kadhafi, "s'inquiètent profondément d'actes de violences répétés et appellent toutes les parties à s'abstenir de recourir à la force et à régler leurs différends par des voies politiques". 

Ils mettent en garde par ailleurs contre les risques de "chaos, fragmentation, violences et terrorisme" en Libye.

Des violences ont été encore signalées à Benghazi. Vingt personnes ont été blessées par la chute d'une roquette sur une maison et le QG d'une unité d'élite de l'armée régulière a été touchée par un tir de roquette, selon des sources médicales et de sécurité.