Issue incertaine dans le duel Ping – Zuma

Afriquinfos Editeur
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La première bataille électorale en janvier n'ayant pas réussi à départager le président de la Commission sortant et la ministre sud-africaine de l'Intérieur, par ailleurs ex-épouse du président Jacob Zuma, un nouveau rendez-vous avait été fixé à la 19e conférence au sommet des dirigeants africains qui s'ouvre officiellement dimanche jusqu'à lundi dans la capitale éthiopienne.

Entre-temps, un comité restreint de sept chefs d'Etat de l'UA était appelé à réfléchir à une nouvelle formule de désignation du futur chef de l'instance exécutive de l'organisation panafricaine, afin de sortir d'une situation d'impasse inédite déclenchée par l’obstination de l'Afrique du Sud à imposer à tout prix sa candidate, débouchant sur la résurgence d'antagonismes idéologiques entre les régions du continent.

Miné par la radicalisation des positions entre les blocs francophone auquel appartient Jean Ping et anglophone solidaire derrière la candidature sud-africaine, ce vote attendu continue de dégager des tendances au coude-à-coude entre Jean Ping et Nkosazana Dlamini-Zuma dont le pays est accusé de "campagne déloyale et très agressive", selon des sources concordantes interrogées par Xinhua.

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Au terme de difficiles tractations politico-diplomatiques, le comité des sept chefs d'Etat "présentera son rapport au sommet dans lequel il dira qu'il n'est pas arrivé à un compromis" entre le Gabon, pays d'origine de Jean Ping dont il fut ministre des Affaires étrangères avant son élection en 2008, et l'Afrique du Sud, a confié une source proche du dossier.

Les négociations menées sous l'égide du chef de l'Etat béninois Thomas Yayi Boni, président en exercice de l'Union africaine, et incluant les dirigeants gabonais et sud-africain visait surtout à obtenir le retrait de la candidature de Dlamini-Zuma au profit de son concurrent, une proposition rejetée par l'Afrique du Sud et l’ensemble de la région d'Afrique australe.

Après une nouvelle tentative vaine lors des réunions des ministres des Affaires étrangères de l'UA à Addis Abeba, la décision finale appartient désormais aux chefs d'Etat.

"Il faut que le nouveau président de la Commission soit élu pendant le sommet, de préférence en gardant l'Afrique unie, que tout le monde se range derrière et qu'on oublie la compétition", a souhaité un délégué du sommet.

Justifiées par le réveil des antagonismes idéologiques au sein du continent, les risques de divisions profondes ont fait jour dans cette bataille électorale sur fond de guerre des tranchées. D’où la suggestion de certains participants du sommet que "cette question soit réglée hors de la salle", afin d'éviter la désunion redoutée.

En cas d'absence de résultat permettant de sortir de l'impasse, d'autres options telles que l'élimination des deux concurrents gabonais et sud-africain.

"Dans ce cas, l'Afrique du Sud devra proposer un candidat autre que Mme Zuma", avancent les sources interrogées.

Une autre éventualité porte sur la relance de la fameuse règle de rotation géographique mécanique, en vigueur par le passé au sein de l'Organisation de l'unité africaine (OUA, ancêtre de l'UA). Et là, la direction de la Commission de l'UA reviendrait de facto à l'Afrique australe, qui continue cependant de se montrer favorable à la désignation de Dlamini-Zuma, révèle-t-on.

Face à cette posture, un autre scénario suggère de confier le poste soit à l'Afrique de l'Est, soit à l'Afrique du Nord. Mais pour le premier cas, un risque de "déséquilibre" est relevé, car " l'Afrique de l'Est a eu beaucoup de secrétaires généraux, depuis l’OUA", mentionne de nombreux délégués fondant leur observation sur la vice-présidence de la Commission de l'UA actuellement occupée par le Kényan Erastus Mwencha.

Pour l'Afrique du Nord, peu de personnes s'accordent sur l’Egypte, qui tient la Ligue arabe, ni sur la Tunisie, qui ne jouit pas d'une bonne réputation au sein de l'organisation continentale pour n'avoir pas été portée vers l'Afrique subsaharienne du temps de Ben Ali, et encore moins sur la Libye, en reconstruction après la chute du régime du colonel Kadhafi.

Seule option probable dans cette région, l'Algérie n'apparaît pas intéressée, se contentant d'observer.

Au demeurant, passé le délai de six mois décidé en janvier après l'échec de l'élection, l'éventualité d'une nouvelle prorogation des mandats du président et des autres membres de la Commission de l'UA n'est pas envisagée. Autrement dit, un renouvellement des postes devra nécessairement intervenir lors du 19e sommet ordinaire d'Addis-Abeba.