Hyperloop…é ?

ecapital
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Elon Musk et Barack Obama

Certains le comparent au héros Anthony Stark. De ses lubies pour les projets extravagants, en passant par sa fortune colossale, il est clair que le jeune entrepreneur Elon Musk – un des plus suivis de Wall Street – a tout d’un visionnaire. Le magnat de la technologie est pour l’instant surtout connu pour. Affublé d’un nom d’origine hébraïque qui signifie « arbre », l’abracadabrant milliardaire à la folie des énergies renouvelables. Pure coïncidence ou destin, peu importe, Elon Musk est depuis tout petit passionné par les comics et le leurs rend bien en s’imposant comme un personnage fantasque, qui utilise son excentricité pour le plus grand bien de tous.

Regard bleu d’acier, avant-gardiste, la quarantaine, Elon Musk est un succès. À l’âge de 12 ans seulement il vendait déjà son premier programme informatique – Blastar, un jeu de l’espace – pour $500. Autodidacte de nature, il s’est appris lui-même la programmation informatique. Avec son mental d’acier, il décide à 17 ans de ne pas faire son service militaire en Afrique du Sud et de s’exiler au Canada, patrie d’origine de sa mère, pour ensuite gagner les États-Unis, qui est pour lui, « le lieu où il est possible de faire de grandes choses ». Il s’explique : « Je n’ai aucun problème avec le fait de servir dans l’armée, mais faire son service dans l’armée Sud-Africaine pour contribuer à l’oppression des noirs ne me semblait juste pas une très manière de passer son temps ». Musk a sa manière et il n’en changera pas. Son « Plan » ? S’impliquer dans trois domaines concrets, trois points importants « qui affecteront le destin de l’humanité » : Internet, les énergies renouvelables et l’espace. Ses influences ? Nikola Tesla, Bill Gates, Steve Jobs et Walt Disney.

La suite de l’histoire, nous la connaissons : une dizaine d’années plus tard, bardé de diplômes, le jeune prodige co-développe Paypal. En 2002 il revend la société à Ebay pour plus d’un milliard de dollars, empochant au passage assez d’argent pour passer à la suite de son Plan : les énergies renouvelables. Il crée alors SpaceX (Space Exploration Technologies), signes des accords avec la NASA et annonce qu’il souhaite l’exploration et la colonisation de la planète Mars. Seulement un an plus tard, notre héros continue son aventure dans le renouvelable en fondant la société Tesla Motors, inspirés par une de ses principales influences : Nikola Tesla. En 1931 déjà, Tesla avait prouvé qu’il était possible de conduire des voitures sans fuel. Tu par les puissances au pouvoir, son projet ne vit jamais le jour, les énergies fossiles étant déjà ancrées trop profondément dans les systèmes économiques. Le temps passant, les mentalités changèrent, et les prix exorbitants des énergies renouvelables, de même que leur impact nocif sur la planète ont fait le succès de Tesla Motors aujourd’hui. La société lui a d’ailleurs permis de s’élever au rang de « Pionnier de l’or vert », parmi entrepreneurs et capital-risqueurs qui veulent transformer la Silicon Valley en laboratoire des énergies nouvelles (Livre de Dominique Nora, Éditions Grasset, 2009).

Et voilà qu’en 2012 il annonce vouloir développer un mode de transport révolutionnaire : l’Hyperloop. En juillet 2013, moins d’un an après l’initiation du projet, l’entrepreneur annonce qu’il publiera les premières maquettes de l’Hyperloop le 12 août :

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Elon Musk a tenu promesse : le 12 août il publiait un document de 57 pagesdécrivant le projet suivant : relier les 4.500 km qui séparent New York de Los Angeles en 45minutes, pour un coût et une dépense d’énergie minimes. Son idée serait de transporter des capsules, dans lesquelles s’assiéraient les voyageurs, à travers des tubes. À la manière du Air Hockey, les capsules reposeraient sur des coussins d’air pressurisé, ce qui lui permettrait d’atteindre de grandes vitesses en peu de temps (les sources de frottement ralentissant le véhicule étant inexistantes) et surtout d’être fiable en matière de sécurité.

  Projet Hyperloop

La vitesse de croisière ne dépassera pas les 1.200 Km/h pour voyager sous la vitesse du son. À cette vitesse-là, l’air chaud créé contrebalance la faible pression des tubes et – grâce à l’aide d’un compresseur disposé sur chaque rame pour les besoins aérodynamiques– évite toute onde de choc. La capsule a donc la possibilité d’avancer sans grandes dépenses d'énergie. Les tubes, disposés sur des pylônes de 6m de haut, seraient recouverts de panneaux photovoltaïques, offrant assez d’énergie pour la propulsion. Par ailleurs, les capsules ne pourront ni dérailler, ni s’écraser, ni faire de tonneaux, et les pylônes seront résistants à des tremblements de terre.

Musk a même une offre de voyage toute prête pour la ligne Los Angeles – San Francisco : des rames toutes les deux minutes, la possibilité de monter en voiture, un départ avec une vitesse d’accélération de 0 à 480 Km/h sur 3 minutes, une vitesse moyenne de 890 Km/h en montagnes pendant 4 minutes, une vitesse de pointe de 1.220 Km/h durant 15 minutes, et enfin un décélération progressive sur 10 minutes.  Un voyage donc de plus de 600 kilomètres pendant 32 minutes et à un prix imbattable de moins de 20 dollars (15€). La sensation d’accélération de la pesanteur à la surface de la Terre – ou autrement dit la force gravitationnelle –  sera d’environ 1G. C’est-à-dire que le passager sera collé à son siège par une force similaire à celle produite lors du décollage d’un avion. Le projet ressemble donc grandement à celui imaginé par la société ET3 présenté dans la vidéo ci-dessous :

Enfin, le coût du projet devrait être risible en comparaison aux chantiers d’autres moyens de transport. Ainsi, la création de la ligne de 620 kilomètres qui relirait San Francisco à Los Angeles coûterait 10 fois moins que la construction d’une ligne californienne de train à grande vitesse. Tout y est, tout est réalisable. Alors pourquoi l’annonce du projet a été vécue comme un flop par certains ? Le Iron Man africain l’a dit tout simplement lui-même : « Je pense que je me suis un peu tiré une balle dans le pied en évoquant Hyperloop, je suis bien trop fatigué pour m'en occuper ». Et oui, Elon Musk reste humain après tout.

Tellement humain d’ailleurs qu’il a entre autres sa propre fondation philanthropique : the Musk Foundation. Jugé par le Time Magazine comme une des 100 personnes qui ont le plus influencé le monde en 2010, Elon Musk continue a œuvré pour le genre humain. Réalisant qu’il ne pouvait seul poursuivre le projet, mais continuant de rêver à un New York – Pékin en seulement 2 heures, il a décidé de l’ouvrir à tout investisseur potentiel. Il précise cependant qu’il continuera à travailler le projet, au moins jusqu’à l’élaboration d’un modèle, car il souhaite voir que l’idée se concrétise.