Du haut de ses 75 ans, Edem Kodjo incite dans « Panafricanisme et Renaissance africaine » (aux Editions « Graines de Pensées » du Togo) les élites d’Afrique et la jeune génération du continent noir à s’approprier cette double thématique. Une démarche indispensable à ses yeux pour relooker la terre africaine sur tous les plans. Pour ce faire, l’ancien premier responsable de l’Oua s’est prêté à des questions pertinentes d’un collège de trois journalistes togolais. En décortiquant « le Panafricanisme et la Renaissance africaine » dans un style simple, accessible à presque toutes les couches d’intellectuels. Surtout au grand public.
Dans ses réponses, Edem Kodjo (également deux fois Premier ministre au Togo) met en exergue l’importance et l’utilité pratique de « l’Unité du continent africain » pour panser ses grosses plaies. Et penser le développement multiforme de l’Afrique, en se fondant sur ses multiples expériences professionnelles dans le berceau de l’Humanité et ailleurs dans le monde. Notamment en tant qu’ex gouverneur du Fmi (Fonds monétaire international) et ancien Secrétaire général de l’Oua. Cette nécessité d’une convergence de vues autour de l’idéal panafricain a amené l’auteur de l’ouvrage à lui conférer une architecture presque didactique.
Croire encore et simplement en l’Afrique…
En quatre parties, l’ouvrage embrasse sa thématique centrale en évoquant tour à tour : « L’Histoire du panafricanisme », « L’avènement des panafricanistes contemporains », « L’Oua a-t-elle rempli sa mission pour l’unité de l’Afrique ? », « Et maintenant l’Afrique » ? Autant de "sous-thématiques" qui ont permis à l’interviewé Kodjo et à ses intervieweurs (Latévi Lawson, Ayi Mamavi et Kouessan Yovodévi) de revisiter l’histoire contemporaine et surtout récente de l’Afrique, à l’aulne des immenses fondements du « Panafricanisme » posés par des figures intellectuelles et politiques incontournables du monde noir comme : Joseph Anténor Firmin (de Haïti), Marcus Garvey, Benito Sylvain, Edward Wilmot Blyden, Henry Sylvester-Williams, G. Padmore etc.
« Les pères fondateurs du panafricanisme sont principalement issus des Caraïbes (…) Jamaïque, Trinidad & Tobago et Haïti sont les berceaux de ces illustres panafricanistes », fait remarquer avec force l’ancien Premier ministre. « Nous ne pouvons et nous ne devons nous passer de la diaspora africaine, ne serait-ce que pour rendre hommage aux Afro-Caribéens qui ont initié le mouvement panafricain relayé plus tard par des Africains », insiste à cette occasion l’ancien haut fonctionnaire. Sans faire, pour autant, l’impasse historique sur les actions de grandes personnalités d’Afrique comme Jomo Kenyatta, Hastings Kamuzu Banda, Kwame Nkrumah, Cheikh Anta Diop, Léopold Sédar Senghor, Alioune Diop, J. Nyerere, etc.
Pour l’auteur, le mouvement panafricaniste a et aura des vertus qu’on ne peut négliger ! Il étaye à ce titre ses propos en citant « Dr Jean Price Mars, auteur du célèbre ouvrage Ainsi parlait l’oncle, qui annonçait la littérature de la Négritude et qui a surtout mis l’accent sur le panafricanisme culturel ». « Encore aujourd’hui, je ne cesse de dire aux amis de la FEANF (Fédération d’étudiants africains en France) que je rencontre : Nous avons achevé le premier volet de notre programme. Mais nous n’avons pas encore réalisé le deuxième. Nous devons continuer la lutte pour l’Unité africaine », renforce l’écrivain Kodjo.
« Dans la destinée des peuples, il faut des hommes comme nous. Il faut des hommes qui croient toujours en des lendemains meilleurs, des hommes qui croient que toute situation peut être tournée à notre avantage. C’est avec des idées de ceux-là que l’on bâtit le futur », rappelle Edem Kodjo à l’endroit du lot des Afro-pessimistes sur le renouveau tant espéré de leur continent.
(Par Edem Gadegbeku)
Afriquinfos