Budget agricole : Les pays de la CEA n’ont pas encore mis en oeuvre la déclaration de Maputo

Afriquinfos Editeur
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M. Muchiri, qui s'exprimait à Bujumbura en marge d'un atelier d' analyse organisé par l'EAFF en ce qui concerne les budgets alloués aux secteurs agricoles dans les pays de la CEA, a relativisé les informations selon lesquelles le Burundi aurait déjà atteint le seuil exigé par la déclaration de Maputo.

"Au niveau des réalisations burundaises dans le secteur agricole, le pourcentage est encore très faible", a fait remarquer M. Muchiri.

"En comparant les situations qui prévalent au Kenya, à l' Ouganda, au Rwanda et à la Tanzanie, dont les budgets alloués à l' agriculture sont respectivement 3,3%, 3,1%, 4,4% et 5,5% des budgets votés au cours de l'exercice 2014-2015, on constate que le seul facteur d'allocation budgétaire ne peut pas être suffisant pour déterminer les progrès marqués dans le secteur agricole dans les pays de la CEA", a-t-il indiqué.

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Le Burundi, la Tanzanie et l'Ouganda attendent de l'extérieur respectivement 70%, 50% et 60% des financements affectés annuellement au secteur agricole, cela peut peser dans la balance pour empêcher ces pays d'atteindre le niveau budgétaire exigé par la déclaration de Maputo dans le secteur agricole, a-t-il affirmé.

Au niveau du processus d'élaboration des budgets alloués aux secteurs agricoles, a poursuivi M. Muchiri, les organisations des producteurs agricoles des pays de la CEA ne sont pas impliquées de près dans les consultations populaires menées aux échelons provinciaux, communaux et collinaires.

Les idées émises par ces consultations populaires sont rarement prises en compte à l'échelon national.

Cette situation, a dit M. Muchiri, devrait être corrigée rapidement à travers une étroite association des Organisations de la Société Civile (OSC) du secteur agricole afin qu'elles puissent influer sur le processus décisionnel en la matière.

"En définitive, ce qui est recherché et attendu dans les pays de la CEA, c'est l'impact réel des actions menées sur la viabilité des secteurs agricoles", a-t-il affirmé.

M. Muchiri a souligné que le plus important n'est pas de décréter un pourcentage très élevé pour le budget agricole juste pour se conformer à la Déclaration de Maputo, mais il faut plutôt piloter des programmes à même de développer véritablement le domaine agricole.

Pour M. Muchiri, l'un des gros défis des pays de la CEA dans les secteurs agricoles, est d'arriver à renforcer les capacités d' absorption des budgets affectés aux secteurs agricoles.

Là où le bât blesse, c'est que très souvent les fonds alloués au secteur agricole dans les pays de la CEA ne sont pas directement affectés pour la production, estime M. Muchiri.

Selon M. Muchiri, il faut que ces organisations paysannes soient dotées d'une expertise avérée en matière d'analyse budgétaire. Les états des lieux actuels dans les pays de la CEA, a- t-il noté, montrent que ces organisations ne sont pas encore dotées d'une telle expertise.

Quant à la part du secteur agricole dans le commerce des pays de la CEA, M. Muchiri a fait remarquer que si l'agriculture participe pour une part allant de 24% à 25% du PIB, le hic est que le niveau de production est très bas. "Nous produisons peu et nous perdons beaucoup au niveau de la gestion postérieure aux récoltes. Cela montre que nous transformons seulement 30% de nos produits agricoles et que 70% d'entre eux sont vendus à l'étranger. Ça aussi, c'est un défi qu'il faut enlever pour que nos puissions transformer à 100% nos produits", a-t-il plaidé.