Journée mondiale de lutte contre le sida: Afrique subsaharienne: quelques zones d’ombre

ecapital
7 Min de Lecture

ENTER TRANSPARENCE ET TABOU

Trente ans depuis que le premier cas de sida a été détecté dans le monde, aux Etats-Unis, les Mauriciens hésitent toujours à parler du sida.

"Comme si cela n' arrivait qu' aux autres", déplore Nicolas Ritter, président de l' Association PILS (Prévention, Information et Lutte contre le Sida), et premier Mauricien à déclarer ouvertement sa séropositivité.

- Advertisement -

Cette peur ou cette honte de parler du sida fait que plus de la moitié des personnes séropositives ne sont pas répertoriées.

"On croit toujours à Maurice qu' on sera rejeté, ostracisé, pointé du doigt, accusé d' avoir attrapé une maladie honteuse si on est dépisté comme porteur du virus du sida", déclare Nicolas Ritter.  Comme souvent dans le monde, le sida a été associé à Maurice lors des premières années aux homosexuels, aux prostitués et drogués.

Effectivement entre 2000 et 2004, 90% des nouvelles infections étaient liées à la consommation par intraveineuse. Aujourd'hui cette proportion a été réduite à 70%. Ce qui laisse comprendre que les modes de transmissions ont évolué.

Dans le même temps, on note que de plus en plus que le nombre de personnes infectées lors de  rapports hétérosexuels a fortement augmenté.

"Cela reste politiquement incorrect. Je dois dire, et c' est désolant que la lutte contre le SIDA connaisse un manque criant de fonds. En 2010, les fonds du CSR pour la lutte contre le Sida a connu une baisse drastique. En plus, après le dernier Budget, il faudra s' attendre à une autre réduction dans le financement des ONG en général. Il semble que le VIH/SIDA demeure encore un sujet tabou".

Certes, la stratégie de lutte de l'État s'est considérablement améliorée ces deux dernières années. Il y a eu de meilleures pratiques appliquées ou des études prises en compte.

60% DES 570.000 PERSONNES VIVANT AVEC LE VIH SONT DES FEMMES

Le Cameroun compte près de 570.000 personnes vivant avec le Vih en 2011 dont environ 60% sont des femmes, a déclaré lundi à Yaoundé le ministre de la Santé publique, André Mama Fouda, en marge de la semaine camerounaise en prélude de la 24e Journée mondiale contre le Sida.

"Le Sida est à l' origine de 33.000 décès en 2010 et malgré les efforts de prévention, le Cameroun a enregistré environ 50.000 nouvelles infections au cours de la même année. 70% des nouvelles infections dans la tranche d'âge 15-24 ans se trouvent chez la jeune femme. Ces chiffres témoignent de la féminisation de l'épidémie", a affirmé par ailleurs le ministre Mama Fouda.

Avec une prévalence de 5,1% d'une population totale estimée à 20 millions d’habitants, ce pays

d'Afrique centrale concentre les différents types de Vih, a en outre révélé le ministre de la Santé publique pour qui le Nord-Ouest, région la plus touchée, dépasse ce taux en situant à 8,7%, suivi de

l'Est qui enregistre à son tour 8,3%, tandis que l'Extrême-Nord et le Nord, les régions les moins affectée par la pandémie, sont respectivement à 1,7 et 2%.

Les autorités se sont fixé l'objectif de réduire de 50% à l'horizon 2015 les nouvelles infections chez les femmes en âge de procréer, réduire les besoins non satisfaits en planning familial, assurer la thérapie ou la prophylaxie ARV (antirétroviraux) à 90% des femmes séropositives pendant la grossesse et pendant l'allaitement.

LE DEFI RESTE IMMENCE

Au Burundi, on recense 68.309 personnes "qui sont en attente de prendre les traitements", a déploré Mme Gapiya, la présidente de l'Association Nationale des Séropositifs et des Sidéens (ANSS), une ONG burundaise engagée dans la lutte contre le VIH.

Selon Mme Gapiya, les efforts dans la lutte contre le VIH au Burundi sont matérialisés par le fait que les ARV sont disponibles dans les stocks locaux et fournis gratuitement aux malades.

Au Burundi, a-t-elle ajouté, seulement à 29,9% des femmes ont pu suivre le programme "transmission mère-enfant".

On est en situation de cercle vicieux au Burundi, a fait remarquer Mme Gapiya. On parle de "zéro décès, zéro nouvelle infection" alors que l' on fait encore face à des bébés infectés, cela montre que les défis sont encore immenses au pays, a-t-elle souligné, tout en ajoutant que "c' est pourquoi je dis, certes il y a des avancées visibles, mais il y a encore beaucoup à faire".

A la question de savoir l' annonce du retrait de la Banque Mondiale dans l' appui au secteur sida au Burundi au début de cette année, Mme Gapiya a délcaré que l'on n' en est pas encore à l' étape du chaos, en plaidant pour une relève de la part du gouvernement.

Avec la crise financière planétaire, a dit Mme Gapiya, on parvient difficilement à la mobilisation des financements extérieurs en général et des ressources pour le sida en particulier.

Certes, a-t-elle conclu, les Burundais ont vivement besoin de la solidarité internationale pour pouvoir "gagner la guerre" contre la pandémie du sida, mais il faut avant tout une volonté politique concrétisée par la mise sur pied d'un fonds national pour soutenir le programme de la lutte contre le sida.