Tchad : Le 14ème sommet de la CBLT s’achève sur de grandes décisions

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"La Charte de l'eau complète la Convention et les statuts de la Commission du bassin du Lac Tchad pour une gestion intégrée, efficace et durable des ressources en eau et de l'environnement du bassin du Lac Tchad", indique Sanusi Imran Abdullah, secrétaire exécutif de la CBLT. Les chefs d'Etat t de gouvernement de la CBLT ont décidé de prendre des mesures nécessaires pour la ratification de la Charte de l'eau selon les lois et règlements en vigueur dans chaque pays.

Sur l'étude de faisabilité du projet de transfert des eaux de l'Oubangui au Lac Tchad, le sommet a autorisé le secrétariat exécutif de la Commission à procéder aux études d'avant-projet détaillé de l'option retenue en concevant au préalable un programme quinquennal d'aménagement du Lac Tchad et d'amélioration de l'hydraulicité du Chari, le fleuve tchadien par lequel les eaux de l'Oubangui devront transiter pour se jeter dans le Lac Tchad. Le secrétariat exécutif devra également concevoir un programme complémentaire d'études d'ingénierie et des projets préliminaires nécessaires en associant les experts des Etats membres.

 "Le coût estimatif combiné des travaux pour le transfert des eaux interbassins de l'Oubangui au Lac Tchad est de l'ordre de 14,5 milliards dollars US", confie Sanusi Imran Abdullah.

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 Selon les résultats de l'étude de faisabilité, le transfèrement des eaux de l'Oubangui vers le Lac Tchad devra permettre de rehausser de 1,5 mètre le niveau de l'eau dans le Lac Tchad et de porter sa superficie de 2.500 à 7.500 km2 sur une période de 4-5 ans.

 "La République centrafricaine, par ma voix, réitère son engagement à soutenir ce projet (de transfèrement des eaux, Ndlr), mais restera attentive aux répercussions que ce projet induira vis-à-vis des populations locales dans leurs conditions d'existence", a déclaré le président François Bozizé à l'ouverture du sommet.

 Il s'est dit satisfait des résultats techniques de l'étude de faisabilité du projet de transfert et du choix de l'option retenue à cet effet, à savoir "le transfert par pompage via le barrage de Palambo sur l'Oubangui puis le transfert par gravité via le confluent de la Boungou et la Kotto".

Par ailleurs, le 14ème sommet de la CBLT a adopté un plan d'investissement quinquennal qui englobe 58 projets d'un montant total de 67 milliards francs CFA. "Ce plan d'investissement sera mis en œuvre à compter de l'année 2013 si et seulement si son financement est acquis", précise le secrétaire exécutif de la CBLT.

 Les chefs d'Etat et de gouvernement de la CBLT ont instruit le secrétariat exécutif d'organiser une table-ronde des bailleurs de fonds incluant le secteur privé pour le financement de ce plan. Des réunions sont prévues avec les bailleurs de fonds à N'Djaména, siège de la CBLT, et en marge du prochain sommet de Rio+20.

 Les Etats membres de la CBLT ont également décidé de contribuer au financement dudit plan d'investissement.

Sur le paiement des contributions des Etats membres au budget de la CBLT, le sommet a décidé d'apurer respectivement la totalité des arriérés vis-à-vis de la Commissions d'ici le 31 décembre 2012. Les Etats ont également décidé de payer leurs contributions annuelles au budget de la Commission au plus tard trois mois après l'adoption dudit budget.

 "La question du financement annuel de base alimenté par les contributions demeure le plus grand problème de la Commission", déclare Sanusi Imran Abdullah. "A ce jour, les impayés des Etats membres s'élèvent à plus de 4 milliards francs CFA. Seuls le Tchad et le Nigeria ont payé l'intégralité de leurs contributions vis-à-vis de la Commission au titre de l'année 2011", ajoute-t-il.

"Tous nos efforts seront vains si la paix et la sécurité ne règnent pas dans le bassin du Lac Tchad et au-delà", a affirmé le président nigérien, Mohamadou Issoufou. Il a annoncé la réunion prochaine des chefs d'Etat-major des six pays de la CBLT à Niamey pour plancher sur la force mixte multinationale de sécurisation du bassin du Lac Tchad.

  Le sommet de N'Djaména a lancé un appel au Cameroun et aux autres pays de la CBLT à participer à la force. Il a décidé de prendre "toutes les mesures nécessaires pour la redynamisation de la force mixte multinationale" et d'instruire une coordination renforcée des questions de sécurité dans la sous-région entre les pays membres.

 "Tous les Etats membres de la Commission du bassin du Lac Tchad ont des frontières poreuses permettant des mouvements désordonnées et incontrôlées des personnes dangereuses, des armes et des produits dangereux tels que les drogues et stupéfiants", a noté le président centrafricain, François Bozizé.

 "Parallèlement, ces Etats ne disposent pas suffisamment des ressources humaines, matérielles et financières pour faire face et maîtriser tous les mouvements des bandits au niveau de leurs frontières et à l'intérieur des pays", a-t-il ajouté.

 Le nigérian Sanusi Imran Abdullah est nommé secrétaire exécutif de la CBLT "pour poursuivre et terminer le mandat en cours jusqu'en mai 2013 en remplacement du Dr Abdullahi Umar Gandjue conformément à la décision n°3 du 13ème sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de la CBLT".

 Le 15ème sommet de la CBLT est prévu pour 2014 à Niamey, au Niger. Le président nigérien, Mohamadou Issoufou, succède à son homologue tchadien à la tête de la CBLT. "Le Lac Tchad trouve en lui un bon avocat", a déclaré le président Déby Itno.