Freetown (© 2019 Afriquinfos)- Dominé par des violences sexuelles à grandes échelles, notamment contre les enfants, la Sierra Léone vient d’adopter jeudi un texte qui pourrait désormais condamner à la prison à vie, les auteurs de viol dans ce pays d’Afrique.
Le parlement a approuvé après plusieurs heures de débats, un texte amendant la législation existante et infligeant aux auteurs de viol des condamnations allant de 15 ans à la prison à vie dans les cas les plus graves qui initialement étaient punis de 5 à 15 ans de prison. Le texte doit à présent être promulgué par le président.
« Nous faisons des lois pour la postérité », a déclaré l’un des chefs de la majorité parlementaire, Matthew Nyuma. La fréquence des violences sexuelles est telle dans ce pays d’Afrique de l’Ouest qui compte parmi les plus pauvres de la planète que les militants y dénoncent l’existence d’une « culture du viol ».
En février, le président Julius Maada Bio a décréter une « urgence nationale » après que le nombre des cas de violence sexuelle eut doublé en un an, selon la police.
Le Parlement avait révoqué en juin cet état d’urgence supposé manifester la détermination de l’Etat mais difficilement applicable et par ailleurs critiqué comme dissimulant un subterfuge pour museler l’opposition politique. Les lois de 2012 étaient largement apparues comme insuffisantes.
En 2018, la police sierra-léonaise a dénombré plus de 8.500 cas de violences sexuelles, le double de l’année précédente, pour une population d’environ 7,5 millions. Selon les statistiques de la police, environ un tiers des victimes de viol sont des mineurs.
Parmi les victimes figurent des bébés selon l’ONG spécialisée Rainbo Initiative qui évoque des proportions de mineures bien plus considérables. Aussi souligne-t-elle des dizaines de jeunes femmes qui tombent enceintes chaque mois à la suite d’un viol et certaines contractent le virus du sida. L’ONG décrit une société dominée par les hommes et des violences « systémiques » infligées aux femmes et aux filles.
La pression sociale, l’absence de moyens scientifiques pour établir les preuves ou le coût des procédures pour les plaignants constituent des facteurs qui atténuent le nombre d’affaires débouchant sur des condamnations, en également précisé Rainbo Initiative.
Vignikpo Akpéné