Genève (© 2019 Afriquinfos)- L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré ce 17 juillet l’épidémie d’Ebola d « urgence de santé publique de portée internationale ». En RDC la fièvre hémorragique a tué 1 668 personnes depuis l’été dernier, malgré une campagne de vaccination et une rapide réaction international. L’’épidémie d’Ebola continue de se propager dans ce pays d’Afrique centrale. L’alerte-ci a été donnée après le décès du premier cas détecté dans une métropole, Goma, deuxième ville du pays au carrefour des Grands Lacs.
Dans le cas de la fièvre hémorragique Ebola, cette déclaration d’urgence sanitaire mondiale traduit donc l’inquiétude des experts de voir la maladie se propager dans d’autres pays.
La décision de déclarer une urgence de santé publique à portée internationale est prise par un collège d’experts de l’OMS qui ont également exprimé leur « déception au sujet des retards dans le financement » de l’aide. Le Dr Tedros a ajouté que la priorité était d’accélérer la production du vaccin, dont les stocks s’amenuisent.
Suite à cette alerte mondiale, les 196 pays signataires du règlement sanitaire international vont devoir renforcer leur surveillance du virus Ebola à l’intérieur de leurs frontières, mais également dans leurs aéroports et ports maritimes avec des contrôles systématiques des passagers.
« Nous avons besoin de travailler ensemble avec la RD Congo pour en finir avec cette épidémie et construire un meilleur système de santé », a appelé le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, demandant à la communauté internationale de « redoubler d’efforts ».
Le ministre congolais de la santé, le Dr Oly Ilunga qui n’a pas été favorable a la réception de cette nouvelle, « espère que cette décision n’est pas le résultat des nombreuses pressions de différents groupes (…) qui voulaient utiliser cette déclaration comme une opportunité pour lever des fonds pour les acteurs humanitaires », écrit-il dans un communiqué.
Procédure à quatre reprises
C’est la quatrième fois que l’OMS active sa procédure d’urgence sanitaire internationale depuis 2009 – dont une fois en 2014 pour la grande épidémie d’Ebola qui a tué 11 000 personnes en Afrique de l’Ouest.
Pour Médecins sans frontières (MSF), « nous devons changer de méthode » dans la riposte anti-Ebola. « Dans un contexte où la recherche des contacts n’est pas totalement efficace et où toutes les personnes affectées ne sont pas atteintes, une approche de plus grande envergure est indispensable pour la prévention de l’épidémie », écrit l’ONG dans un communiqué.
Avec une dizaine de cas confirmés par jour, en moyenne, la situation reste aussi préoccupante dans le reste de l’est du pays, même si on est loin des pics à plus d’une vingtaine de cas quotidiens de janvier ou juin. Des alertes qui s’expliquaient par la défiance de la population vis-à-vis des centres de traitement et par les attaques répétées – plus de 200 d’après l’OMS – de ces mêmes centres par des groupes armés.
À Butembo, les différents acteurs de terrain estiment aujourd’hui que les efforts communautaires commencent à porter leurs fruits, avec un recul du nombre de cas. Mais l’épicentre d’Ebola semble se déplacer de nouveau à Beni, foyer d’origine de l’épidémie, où la situation se dégrade nettement depuis mai.
L’OMS a, par ailleurs, rapporté mercredi quatre incidents en Ouganda, où près de 600 personnes pourraient devoir être vaccinées. Dans un rapport, le comité d’experts, réuni à Genève (Suisse), a dit relever des « signes inquiétants d’une possible extension » de l’épidémie de fièvre hémorragique.
Toutefois le directeur du comité de l’OMS, Robert Steffen, a nuancé la désignation comme « urgence sanitaire » en précisant que l’épidémie demeurait à l’heure actuelle une menace régionale plutôt que mondiale. « Le risque de dissémination d’Ebola dans la région reste élevé, mais il reste faible en dehors », a confirmé Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Innocente Nice