CAN 2019/Finale: Bounedjah, le réveil magique de la machine à buts algérienne

Afriquinfos Editeur
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L'attaquant de l'Algérie Baghdad Bounedjay (d) buteur face au Sénégal mené 1-0 à la mi temps au Caire en finale de la CAN le 19 juillet 2019.

LE CAIRE (© 2019 AFP) – Sa panne soudaine l’avait mis en pleurs en quarts, son réveil opportun en finale a provoqué des larmes de joie éternelles: Baghdad Bounedjah, arme fatale des « Fennecs » en sommeil, a offert la deuxième étoile africaine de l’Algérie en inscrivant le but de la victoire contre le Sénégal (1-0), vendredi.

Près de 30 ans après le but décisif de Chérif Oudjani contre le Nigeria en 1990, année du premier titre continental des « Fennecs », l’Algérie a enfin trouvé son digne successeur : un N.9 atypique, aux faux airs de mousquetaire avec sa moustache à la D’Artagnan, obsédé par les filets adverses. Malheureux depuis son premier et unique but lors du premier match de la compétition contre le Kenya (2-0), Bounedjah a fait mouche dès sa première occasion dans les premiers instants de la finale. Parti à toute allure en profondeur sur le côté gauche, l’imposant attaquant est rentré sur son pied droit pour enrouler un tir puissant… contré par Salif Sané. Dévié, le ballon s’envole en l’air pour rester en suspension l’espace d’une seconde, tenant en haleine un stade international du Caire soudain silencieux, avant de retomber dans les filets sénégalais (1-0, 2e).

De quoi faire exploser de joie le contingent de 20.000 supporters algériens, et donner une nouvelle fois raison à la confiance de son sélectionneur Djamel Belmadi.

– « A l’origine de presque tous nos buts » –

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« Bounedjah est important. Même quand il ne marque pas, il peut gêner la défense adverse. Il se bat pour chaque ballon et il est à l’origine de presque tous nos buts », avait-il déclaré, alors que son attaquant avait raté un pénalty qui avait failli mettre fin à l’épopée algérienne en quarts contre la Côte d’Ivoire (1-1, 4-3 t.a.b.). Parmi les stars Riyad Mahrez, Sofiane Feghouli et Yacine Brahimi, l’Oranais (27 ans) fait pourtant figure de parfait inconnu. Fort de ses statistiques hallucinantes au Qatar, il a réussi à pousser Islam Slimani, héros de l’épopée du Mondial-2014, et Andy Delort, nouvelle « recrue » des Verts, sur le banc des remplaçants.

« Vous ne le savez peut-être pas, mais je vis à Doha avec Djamel (Belmadi) et Baghdad (Bounedjah). Pour moi, Baghdad est l’un des meilleurs attaquants africains », avait même complimenté Samuel Eto’o, l’un des plus grands buteurs de l’histoire du Continent, au début du tournoi. Depuis son arrivée à Al-Sadd (Qatar) en 2015, la machine à buts algérienne a, en effet, explosé tous les compteurs. Sur l’ensemble de l’année 2018, il a par exemple inscrit la bagatelle de 58 buts, dont sept contre Al-Arabi dans le même match ! De quoi faire dire à son ancien coéquipier et futur entraîneur Xavi « qu’il ne sera jamais oublié après son septuplé historique ».

Son 12e but inscrit en 29 sélections, ô combien important, a fini de démontrer sa capacité à pouvoir évoluer à l’échelon international, n’en déplaise aux détracteurs du niveau du Championnat qatari.

– L’Europe, prochain étape ? –

Dans un effectif dominé par les binationaux, Bounedjah fait partie de la nouvelle vague des talents « locaux » arrivés en masse en sélection sous l’impulsion de Belmadi, à l’image de Youcef Belaïli, buteur décisif contre le Sénégal (1-0) en poules, ou Youcef Atal, la pépite de Nice. Encore en sixième division à l’âge de 20 ans, l’attaquant s’est révélé en 2014 à l’Etoile du Sahel, l’un des plus grands clubs africains, où il a terminé meilleur buteur du Championnat tunisien dès sa première saison. Après deux victoires en Coupe, il rejoint la Ligue qatarie. Le lieu de son éclosion. Pisté par plusieurs clubs européens, l’Algérien va-t-il faire le grand saut malgré un salaire très confortable, estimé à 200.000 euros mensuels, dans l’émirat ?

« Je pense qu’il a les qualités pour jouer par exemple en France, car c’est un footballeur plutôt complet, travailleur, et qui peut encore progresser », avait déjà plaidé Serge Romano, l’entraîneur-adjoint de l’Algérie, à Jeune Afrique en mars dernier. Xavi peut d’ores et déjà se faire du soucis : avec son but en finale de la CAN-2019, le mercato risque d’être très animé pour sa machine à buts algérienne.

Le sélectionneur de l’Algérie Djamel Belmadi porté par son équipe lors de la victoire en finale de la CAN face au Sénégal au Caire le 19 juillet 2019 (photo, AFP).