La Tunisie depuis la chute de Ben Ali en janvier 2011

Afriquinfos Editeur
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Le président tunisien élu Beji Caid Essebsi (G) serre la main à son prédecesseur Moncef Marzouki (D) lors d'une cérémonie au palais de Carthage à Tunis le 31 décembre 2014.

Rappel des dates-clés de la Tunisie, où se déroule ce dimanche le premier tour de la présidentielle, depuis la révolution qui mit fin à des décennies de dictature en 2011.

– Chute de Ben Ali –

Le 14 janvier 2011, Zine El Abidine Ben Ali fuit son pays après 23 ans au pouvoir à l’issue d’une révolte populaire déclenchée par l’immolation par le feu en décembre d’un vendeur ambulant de Sidi Bouzid (centre-ouest), excédé par la pauvreté et les humiliations policières. Le soulèvement fait 338 morts et plus de 2.100 blessés.

– Victoire d’Ennahdha –

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Le 23 octobre 2011, le mouvement islamiste Ennahdha, légalisé en mars, remporte 89 des 217 sièges de l’Assemblée constituante lors des premières élections libres de l’histoire du pays. En décembre, Moncef Marzouki, militant de gauche, est élu chef de l’Etat par la Constituante. Hamadi Jebali, n°2 d’Ennahdha, forme le gouvernement.

– Premiers espoirs déçus –

En avril 2012, des affrontements éclatent dans le bassin minier du Sud-Ouest entre chômeurs et policiers. En juin puis en août, des manifestations violentes et des attaques de groupuscules islamistes radicaux se multiplient. Des émeutes éclatent fin novembre à Siliana, ville déshéritée au sud-ouest de Tunis: 300 blessés en cinq jours. Grèves et manifestations, parfois violentes, touchent l’industrie, les services publics, les transports et le commerce. Et comme en 2011, c’est dans les régions marginalisées économiquement que se cristallisent les conflits.

– Assassinats d’opposants –

Le 6 février 2013, l’opposant anti-islamiste Chokri Belaïd est tué à Tunis. Le 25 juillet, le député de gauche Mohamed Brahmi est assassiné près de la capitale. Les deux meurtres, qui provoquent de profondes crises, seront revendiqués par des jihadistes ralliés au groupe Etat islamique (EI).

– Transition démocratique –

Le 26 janvier 2014, une Constitution est adoptée, un gouvernement de technocrates est formé, et les islamistes se retirent du pouvoir. Le 26 octobre, le parti anti-islamiste Nidaa Tounes de Béji Caïd Essebsi, qui regroupe aussi bien des figures de gauche et de centre-droit que des proches du régime de Ben Ali, gagne les législatives, devançant Ennahdha. Béji Caïd Essebsi remporte la présidentielle en décembre. En février 2015, le nouveau Premier ministre Habib Essid présente, après des semaines de tractations, un gouvernement dominé par Nidaa Tounes mais incluant ses rivaux d’Ennahdha.

– Attentats –

La Tunisie est frappée en 2015 par trois attentats majeurs, revendiqués par l’EI, implanté en Libye voisine. Ils font 72 morts, surtout des touristes étrangers et des membres des forces de l’ordre, au musée du Bardo à Tunis, dans un hôtel de Sousse (centre-est) et contre un bus de la garde présidentielle à Tunis. En mars 2016, des dizaines de jihadistes attaquent des installations sécuritaires à Ben Guerdane (sud), tuant 13 membres des forces de l’ordre et sept civils. La sécurité s’est améliorée ces dernières années, mais l’état d’urgence, instauré en 2015, a sans cesse été renouvelé.

– Troubles sociaux –

Début 2016, une vague de contestation débute à Kasserine (centre), après le décès d’un jeune chômeur. La colère se propage dans de nombreuses régions. Le Fonds monétaire international donne en mai son feu vert à un nouveau plan d’aide de 2,5 milliards d’euros sur quatre ans. En août, Youssef Chahed (Nidaa Tounes) est chargé de former un gouvernement « d’union nationale ». Début 2018, le pays est touché par un mouvement de contestation exacerbé par l’entrée en vigueur d’un budget d’austérité.

Photo prise le 22 décembre 2010 à l’aéroport de Tunis montrant Zine El Abidine Ben Ali, alors président de la Tunisie.

– Bouleversements politiques –

Le président tunisien annonce en septembre la fin de l’alliance avec Ennahdha. M. Chahed, s’affranchissant de la tutelle de M. Essebsi, remanie son gouvernement en novembre avec le soutien d’Ennahdha. Après des querelles de clans, il quitte Nidaa Tounes et fonde son propre parti. Le 25 juillet, le président Essebsi décède à l’âge de 92 ans, à quelques mois de la fin de son mandat. Le 8 août, M. Chahed annonce sa candidature à la présidentielle.

Le 23, l’homme d’affaires Nabil Karoui, inculpé pour « blanchiment d’argent », est arrêté. Son parti en impute la responsabilité à Youssef Chahed, qui nie tout lien avec l’arrestation de l’un des ses principaux rivaux.

Des affiches électorales représentant les candidats à la présidentielle tunisienne Nabil Karoui (premier plan) et Youssef Chahed, disposées le long d’une route de Tunis, le 7 septembre 2019.