Cacao: La Côte d’Ivoire décide d’arrêter la fourniture de semences aux producteurs

Afriquinfos Editeur
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Abidjan (© 2019 Afriquinfos)- La Côte d’Ivoire, premier producteur mondial du cacao et dont la production de cacao est estimée à environ 2 millions de tonnes, a décidé d’arrêter la production et la fourniture de semences aux paysans. Une décision prise par le pays afin de ne pas contribuer à la chute des cours.

S’exprimant ce jeudi, lors de la présentation du 9è rapport de la Banque mondiale sur la situation économique de la Côte d’Ivoire, notamment intitulé : «Au pays du cacao, comment transformer la Côte d’Ivoire». Yves Brahima Koné directeur général du Conseil Café-cacao, a affirmé que dans la perspective de «la stabilisation de la production, le Conseil café-cacao qui fournit les semences aux producteurs, a décidé d’arrêter la production et la fourniture de semences aux planteurs ».

Il a laissé entendre qu’un certain nombre de compagnies et de multinationales produisaient également des plans pour les fournir aux planteurs, mais cela devrait être suspendu, car le Conseil a ordonné l‘arrêt sur toute l’étendue du territoire de la production des plans à fournir aux producteurs.

«Tout doit être contrôlé par le Conseil café-cacao », organe en charge de réguler la filière, a-t-il dit avant d’ajouter que le Conseil est « inscrit dans la perspective de la stabilisation de la production » du cacao ivoirien pour garantir un prix rémunérateur aux paysans.

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«Nous sommes en train de faire le recensement des producteurs (en Côte d’Ivoire), d’abord pour régler le problème de la traçabilité et ensuite mieux connaître les producteurs (en termes d’effectif pour) programmer avec eux» la quantité à produire, a-t-il poursuivi.

La volonté actuelle du Conseil café-cacao est ostensiblement affichée. Ne plus permettre la création de nouvelles plantations. Pour M. Koné, «il n’est pas pertinent» de lancer un vaste programme de plantations au risque de contribuer à la chute des prix sur le marché mondial.

Cette mesure devrait permettre en outre de renouveler les plantations sans augmenter l’offre. L’ICCO, organisation internationale en charge du cacao, prévoit une augmentation de la production de « 5% en Afrique d’ici à l’horizon 2020».

Le rapport présenté par Jacques Morisset, économiste à la Banque mondiale, et auteur du document, note que « l’économie ivoirienne reste performante en 2019 avec des perspectives favorables », mais la filière cacao, l’un des piliers de la croissance, devrait cependant connaître une transformation.

Selon lui, il y a «urgence à agir» car le monde du cacao subit des mutations profondes comme le réchauffement climatique, la déforestation et les exigences accrues des consommateurs. C’est pourquoi il faut augmenter la valeur ajoutée et opérer une révolution technologique.

Le rapport préconise que la Côte d’Ivoire utilise une partie de la fiscalité sur le cacao pour financer les programmes de productivité de la filière sur des surfaces plus réduites. Ensuite, diversifier le revenu des producteurs dont 54% vivent sous le seuil de la pauvreté, selon des données de 2015.

M. Morisset relève que le défi du cacao, aujourd’hui, pour la Côte d’Ivoire, c’est d’instituer un système de traçabilité pour avoir du cacao propre, et ensuite intégrer la chaîne de valeur internationale, avec par exemple, la liqueur, car 80% de la valeur ajoutée du cacao reste lié au chocolat.

Coralie Gevers, la nouvelle directrice des opérations de la Banque mondiale pour la Côte d’Ivoire, qui vient de remplacer Pierre Laporte, muté au Ghana, a soutenu que « l’économie ivoirienne reste sur une bonne trajectoire en 2019».

Pour rappel, la Côte d’Ivoire et le Ghana, qui cumulent 65% de la production mondiale de cacao, ont obtenu la semaine dernière à Abidjan un prix plancher de 2.600 dollars US la tonne (environ 1,5 million Fcfa)auprès des négociants et des industriels du secteur, avec un montant de 400 dollars US/tonne (232.525 Fcfa) pour garantir ce prix plancher, en cas de baisse des cours.

I.N.